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JACQUES

En compagnie d’un fer à souder et de micros à réparer, c’est dans les loges du festival Détonation que nous retrouvons Jacques, répondant volontiers à nos questions, quelques minutes avant son live ce vendredi 30 septembre.

 

Dans la conférence TEDxAlsace que tu as donné à Strasbourg, tu expliques beaucoup de choses à partir d’un schéma et d’un noyau ; que faut-il pour faire la fête, pour être dans un squat, etc. Pour toi, quel serait le schéma du musicien, de quoi se compose-t-il ?

Alors, pour être musicien, il faut d’abord être instrumentiste, dans le sens où il y a un rapport à la matière pour produire le son. Il faut aussi être parolier, un bon auteur, savoir s’exprimer. Il faut quand même préciser que l’on peut entendre plusieurs choses derrière le mot musicien. On doit distinguer le fait de faire de la bonne musique, et le fait de faire une carrière dans la musique. Tu peux faire de la musique de merde et avoir une super carrière, et tu peux faire de la très bonne musique et avoir une carrière de merde, tout simplement car il n’y a finalement pas de bonne ou de mauvaise musique. J’ai aussi vu qu’il fallait que je travaille d’autres domaines pour réussir dans la musique. Le droit par exemple, dans son sens formel comme animal. Il faut aussi être un sportif, ou un moine ; lorsque l’on ne dort pas longtemps, où l’on est pas dans de bonnes conditions, il se doit alors d’y avoir une forme d’ascétisme, il faut savoir se priver pour rester opérationnel. J’ajouterais vidéaste, par rapport aux clips notamment. Aussi DRH, savoir s’entourer est important. Si tu t’entoures de tocards ça ne peut pas fonctionner. Technicien, et là tout de suite, électronicien, je dois réparer mes micros. Il faut aussi quelque part remplacer le journaliste, tu peux répondre aux questions en écrivant l’article à sa place, en faisant la bonne photo à sa place, en prenant les devants en fait, finalement c’est toi qui décide de tout.

 

Passons maintenant aux bruits que tu enregistres. Est-ce que tu les choisis en les entendant par hasard, ou est-ce qu’un objet peut avoir visuellement un potentiel sonore, et c’est toi qui provoque le bruit car l’objet te plaît ?

Depuis que je suis né, je ne sais pas comment les sons sonnent, c’est toujours par expérience. Maintenant à force, évidemment que si je vois une plaque de métal, dans ma tête je connais le son qu’elle fait et je sais que ça me plaît. Après je ne capture pas des objets, je capture des instants, le bruit d’un objet est à chaque fois différent.

 

Enregistres-tu le premier bruit que tu fais ou t’y reprends-tu à plusieurs fois pour obtenir exactement le son que tu souhaites ?

En fait il n’y a pas de règles, pas de généralités. Quand je suis en concert, j’essaye de faire du premier coup un truc cool, comme c’est complètement de l’impro. Quand j’entends un son une fois, je sais ce que ça va donner quand il sera en boucle. Je manipule toujours les objets avec le record allumé. Dès que les quatre dernières mesures sont cool, je l’éteins et j’arrête de manipuler l’objet. Tout dépend davantage de l’instant que des objets en eux-mêmes. Je ne verrai un bon potentiel dans un objet que si je suis dans un bon mood pour le voir.

 

Est ce qu’il existe des sons d’objets que tu aimerais avoir particulièrement ?

De moins en moins car les gens me filent des objets en concert par exemple. On m’a aussi proposé le son d’une station d’épuration. Je suis trop chaud, avec l’eau, les tuyaux etc. Sauf que si le mec qui m’amène là-bas est relou ou dans un mauvais mood je ne me sentirai pas à ma place. Si je ne m’attache qu’à l’objet en lui-même je n’ai pas de recul, j’ignore le contexte. J’aimerais avoir une pièce avec tous mes objets et les instruments, un truc entre l’atelier et le studio.

 

Certains sons te paraissent beaux dans le réel, mais une fois enregistré te déçoivent ?

Carrément. Tout comme des sons peuvent paraître moches et une fois enregistrés ça le fait, tout est vraiment une histoire de contexte.

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  • Propos recueillis par Juliette BOFFY
  • Crédit photo : Marie Arnold – www.octographer.fr
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