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EAGULLS, Ullages

Eagulls fait partie de cette nouvelle scène qui se propage depuis quelques années sous l’égide de Ian Curtis, autant dans le genre musical que dans une attitude corporelle torturée, nerveuse – déjà qualifiée de danse épileptique. Plutôt que de galvauder le  terme post-punk, à réserver pour la cellule-mère de 1978 à 1984, de Joy Division à Minimal Compact, on remarquera qu’Eagulls a plutôt opté pour mêler punk et shoegaze. Nervosité punk et élancements shoegaze, mariage impossible ? 

Et pourtant si, l’union était réussie. Eagulls, dont la couverture représentait une voiture calcinée, avait fait grand bruit dans la scène anglaise de l’année 2014. Leurs premières compositions étaient asséchées, écornées. Un premier album portant leur nom, des concerts bruts et déchirants, un leader charismatique (George Mitchell), la formule a suffi pour éclater. Mais au lieu de continuer dans cette veine, Eagulls ont fait leur retour avec de nouvelles ressources.

Ullages. Il s’agit d’un anagramme  du nom du groupe. Une familiarité déplacée qui leur sert à se construire une nouvelle identité. Remise à zéro, renaissance, re-définition ? Ullages, c’est également la quantité de vide d’un récipient n’étant pas rempli pleinement. Voilà donc la part manquante de leur œuvre visant à enfin atteindre la complétude, à boucler le cercle.

Head or Tails fait le lien entre ces deux productions, mise en jambe progressive, plutôt lente, qui ouvre la porte à Euphoria, une sorte de ballade qui revendique joliment la continuité du titre au même nom composé par Killing Joke. My life In Rewind et Psalms sont un peu plus faibles, tandis que Lemontrees renoue avec le premier album, titre le plus bruitiste. White Lie Lullabies ferme les portes dans la douceur, seul titre issu d’une session jam tandis que le reste fut savamment médité.

Plus mélodiques, moins rageurs, c’est comme si les cinq musiciens de Leeds avaient quitté la nationale post-punk pour la sortie au tournant new-wave. A l’instar de Savages, dont le premier album avait aussi fait éclat en plaçant la barre sous les signes des émotions fortes revendiquées par le truchement des inspirations 80’s. La voix s’éclaircit, Blume renoue avec des accords clairs et une structure plus pop.

Eagulls semble avoir trouvé un équilibre entre influences, substrat haineux des débuts et hypnotisme shoegaze, dans ce disque plus “propre”, délavé et respirant. Attention tout de même à ne pas devenir trop lisse…

-Clémence Mesnier

 

 

Artiste : Eagulls
Album : Ullages
Label/Producteur : Partisan Records
Date de sortie : 13/05/2016
Genre : post-punk
Catégorie : Album Rock

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