Après trois ans de mutisme, Edward Sharpe & The Magnetic Zeros réapparaît avec un nouvel album intitulé Person A . Pour ce retour, la joyeuse bande de potes a décidé de changer ses habitudes. Ils ont donc plié bagage, quitté Los Angeles, et se sont envolé pour la Nouvelle Orléans. C’est là-bas, sur les terres natives du jazz, qu’ils ont enregistré ce dernier album.
Pour la première fois, les dix membres du combo californien ont grandement contribué a l’écriture des chansons. Un vrai travail d’équipe…. Fidèles à leur style, ils laissent une place importante à l’improvisation et l’expérimentation. Et l’évolution est remarquable.
Le groupe a mûri, la dimension est plus artistique, plus raffinée. On note aussi un autre changement et pas des moindres : les chansons sont dépourvues de voix féminines, la talentueuse et pétillante Jade Castinos, dotée d’une impressionnante présence vocale, ayant décidé de s’éclipser pour d’autres aventures.
Ce manque perturbera-t-il l’équilibre du groupe ? Éléments de réponse…
De prime abord, diversité et variations sont toujours là, efficaces. Et si nulle autre chanteuse n’est venue remplacer la belle Jade, Ebert Alexander assume avec talent ce rôle de lead. La richesse musicale qui anime ce nouveau record est bien au rendez-vous. Inspirés, les explorations artistiques proposées par le groupe ont de quoi nous réjouir.
Et ça commence fort, avec ce titre hallucinogène de 7 minutes Hot Coals, qui donne la sensation d’assister à la fin du monde tout en douceur. Aucun doute, Edward Sharpe & co. se sont faits plaisir ! Le titre est délirant, azimuté, et joyeusement anarchique. Synthé et trompette nous invite à tailler la route.
Uncomfortable, qui suit, nous embarque dans l’univers jazzy, mi-gospel, mi-pop, voire musique classique. Un improbable panaché ponctué de sons incertains, encore une fois preuve d’un sacré remue-méninges collectif. Somewhere et No love like yours nous projettent quand a eux dans cet univers peace& love cosy, qui vous met tranquillement la banane.
Avec Wake Up The Sun, c’est le jazz crooner et chaleureux qui s’installe. Le titre se termine en fanfare, les instruments prêts à exploser, tandis qu’Edward Sharpe tout en contrôle, maitrise ses vocalises.
Free Stuff tutoie quant à lui l’ambiance folk. Un titre plus abordable pour nos oreilles de simples mortels. Le final reste néanmoins made in Edward Sharpe, cela ne fait aucun doute. Et c’est cette dimension farfelue qui se greffe sur chaque chanson, qui nous plaît. Comme pour signifier qu’ils sont et resteront différents.
Let It Down, quasi dramatique, à la fois obscur et puissant, tranche avec le reste de l’album. La voix écorchée creuse seconde après seconde, un chemin torturé, le tout accompagné d’une basse précise.
La trompette ouvre le bal dans Perfect Time. Un mélange simple, piano-voix, pour une romance à écouter seul et confortablement installé. Lullaby s’inscrit dans cette même énergie, apaisante, et nous berce tendrement.
The Ballad of Yaga, qui clôture cet album, renoue avec le folk, une influence sans doute très appréciée du groupe. Le rythme change, l’évolution est originale, et l’on ressent ici l’emprunte des Beatles et surtout de leur chanteur légendaire, John Lennon.
S’ils semblent n’avoir aucune limite, aucun genre prédéfini, flirtant et combinant avec de multiples styles, Edward Sharpe & co ont su créer un son unique qui leur ressemble. Le raffinement est leur crédo, et il faut écouter plusieurs fois l’album pour en apprécier les détails.
Le travail artistique est précis, profond, parfois complexe, et souvent sublime. On imagine aisément l’énergie déployée pour aboutir à ce résultat tout simplement incroyable.
Artiste : Edward Sharpe and the Magnetic Zeros
Album : Person A
Label/Distribution : Rough Trade Records
Date de sortie : 15/04/2016
Genre : Alternative / Rock Psychédélique
Catégorie : Album Rock