Tandis que les derniers dinosaures de la planète Rock s’évaporent un à un dans les étoiles, le plus invertébré (et vivant) d’entre eux sort ce weekend le lumineux Post Pop Dépression, fruit d’une collaboration éclairée avec l’incontournable Josh Homme. Un retour aux sources inespéré et génial.
Parmi les légendes du Rock, disparus ou non, s’il en est un au parcours plus singulier que la majorité, c’est bien Iggy Pop…
D’abord monumental avec les Stooges, sa carrière solo a souvent alterné entre le toxique (Kill City), l’emphatique métallique (Beat’Em’Up), le bas de gamme (Soldier, Party), et le chef-d’œuvre (The Idiot, Lust For Life).
Pour des raisons qui m’échappent, et que je cautionne tout à la fois, Iggy jouit pourtant d’une aura sans mesure, et toute génération confondue, parmi les amateurs de rock multi-continents. Un statut à part, nourri de 40 ans de servitude acharnée, excessive, artificielle ou géniale, qui l’ont placé au pied du Panthéon des légendes.
Voilà pour le personnage…
Reste que depuis une bonne pagaille d’années, sa production pour le moins inégale, n’a pas véritablement convaincu les amateurs ou experts du genre. A l’instar de sa carrière, et sans doute inconsciemment tourmenté par la peur de l’oubli, hormis quelques rares fulgurances remarquablement supérieures, c’est davantage pour ces années de service, et ses apparitions récurrentes dans quelques réclames (souvent drôle j’en conviens), qu’il forçait le respect.
Au point que depuis des lustres, la sortie d’un de ses album relevait plutôt de l’anecdotique.
Sauvé une première fois des eaux troubles, à l’époque, par le défunt Bowie, quel samaritain pouvait donc extraire aussi habilement, l’essence de ce héros en berne, devenu trop vieux pour hurler comme un sauvage, et encore trop punk pour nous imposer ses reprises de Piaf ?
C’est là que le « Ginger Elvis » comme on le nomme rentre en scène.
Josh Homme, qu’on ne présente plus, fait sans doute partie de cette génération bercée par les incantations reptilienne de l’iguane. Une influence qu’il revendique, et qui ne l’a pas fais hésiter très longtemps lorsque Iggy l’a textoter.
Un défi que l’Homme, accompagné de Matt Helders (l’excellent batteur des Artic Monkeys), a donc relevé illico.
Tandis que Pop conservait dans une vieille boite a souvenirs quelques chorus inexploités, datant de sa collaboration avec son ami-dandy, les compères se sont mis au boulot avec toute la classe, la virtuosité, et le tact que leur inspirait cette mission,
enveloppant l’inconsolable Iggy de toutes les attentions musicales qu’il avait égaré en chemin.
Entre Jedi fougueux et sage Ioda l’iguane nous balance en costard ses meilleures inspirations depuis…Très longtemps…
Post Pop Dépression est ainsi né, et rarement un album a aussi bien porté son nom.
D’entrée Break Into Your Heart vous saute aux esgourdes. Ca sent le chef-d’œuvre thérapeutique. Quelques riffs saignants, la voix juste, un peu blasé, un peu mineure, Iggy est séduisant sans crooner ni vociférer…Gardenia, presque funky, confirme que le Docteur Homme et Mister Pop ont bien travaillé. Bien sûr on pense souvent à Bowie, comme dans d’autres titres de cet album (Américan Valhalla, Chocolate Drops, le refrain de German Days), mais l’hommage est si parfait et si personnel à la fois, que du haut de son étoile noire, l’extra-terrestre peut être fier de son camarade. La patte du rouquin malin n’est pas moins contestable, (Paraguay, In The Lobby) parfait liant de ces mondes parallèles, canaliseur et catalyseur d’énergies, Homme et ses acolytes (Dean Fertita des QOTSA est aussi de l’aventure) a su tirer le meilleur du sénior invertébré, au point qu’Iggy assume enfin et en même temps, son éternelle jeunesse et l’âge de ses artères.
On ne sait d’avance si cet opus traversera les âges farouches, mais il est sans conteste le disque qu’il manquait a la bio hasardeuse de Maître Iggy.
Celui qui trouvera sa place dans toute discothèque digne de ce nom, entre The Idiot et Lust for Life…
-Peterpop
https://www.youtube.com/watch?v=Oe6S_UgVJic
Artiste : Iggy Pop
Album : Post Pop Dépression
Label/Distribution : Loma Vista
Date de sortie : 18/03/2016
Genre : Rock/Pop
Catégorie : Album Rock