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VON PARIAHS

En pleine promotion de leur second album, Genuine Feelings, plus âpre et rugueux que Hidden Tensions qui les avait fait connaître en 2013, Von Pariahs fait un passage à La Rodia jeudi 17 mars prochain, en première partie de Stuck In The Sound. C’est Théo, guitariste, qui nous a répondu.

Après ce que vous avez vécu entre 2010 et 2014 avec des tournées incessantes, quel regard portez-vous sur votre parcours ?

On n’a pas encore beaucoup de recul mais on a conscience d’avoir vécu des supers moments, et on a l’intention d’en vivre encore plein d’autres. La tournée la plus intense a commencé à la sortie du premier album, en 2013, sur une petite année. L’enseignement qu’on en a tiré, ce serait de prendre du plaisir et de profiter de chaque instant.

Comment avez-vous abordé l’écriture et l’enregistrement de ce nouvel album ?

On a  essayé d’aborder cela simplement, sans se poser de questions. Moi, j’ai été influencé par les Rolling Stones, que j’ai découverts -oui, c’est étrange dit comme cela !- entre la sortie du premier album et la composition du deuxième, à travers l’autobiographie de Keith Richards. J’avais envie de revenir aux sources du rock’n’roll, avec le blues, un style que je n’avais jamais trop écouté. On a incorporé à cela des styles de musiques qui nous suivent depuis toujours, que ce soit le shoegaze ou le baggy sound des Stone Roses ou des Happy Mondays. On a tracé notre route en écoutant nos envies.

Hugo, Marco et Guillaume ont cité des albums rap comme premier album acheté quand ils étaient jeune, alors que toi, Sam et Romain avez nommé des albums rock. On en déduit que les influences des trois premiers n’ont pas leur place dans Von Pariahs …

Cela veut tout simplement dire qu’on évolue ! Les premiers albums qu’on a achetés dans notre vie ne nous influencent plus aujourd’hui. Les gars qui ont cité des albums de rap n’en écoutent plus forcément maintenant, même s’il y a encore des choses qui nous intéressent dedans.

Cela ne vous agace pas, à force, que l’on vous situe entre Joy Division et U2, en tout cas dans cette période fin 80’s, début 90’s ?

Joy Division, on l’entend moins sur ce nouvel album, et ce n’est pas pour me déplaire. J’aime ce groupe, mais la comparaison à répétition commençait à m’agacer. C’est pour cette raison qu’on a décidé d’aller vers une esthétique plus noise et moins cold-wave. Involontairement, on s’est éloigné de ce style-là car on en avait marre d’entendre cette référence, qui devenait pesante. On n’écoute pas du tout U2. Il y a des bonnes choses dans U2, notamment I Will Follow, mais ce n’est pas une de nos influences. Ce rapprochement est peut être dû au fait que nous avons les mêmes influences que U2, tout simplement !

Genuine Feelings est un album plus direct, brut, avec moins de relief entre les titres : un vrai album rock en somme !

Oui, on a voulu aller vers quelque chose de plus brut sur le deuxième album.

D’habitude les groupes fonctionnent à l’inverse, leur discographie commence fort et après ça se calme et devient plus posé. Comment l’expliques-tu ?

Il y a l’influence de l’énergie live, la ferveur qu’on a ressenti en tournée, les moments sur scène. Mais on n’a pas testé en live les nouveaux morceaux avant de les enregistrer. On a composé en moins de temps que le premier ; notre premier album c’est une sorte de best-of de nos cinq premières années. Celui-ci on l’a composé en six/sept mois. L’homogénéité des titres qui s’en dégage, le fait qu’il y ait moins de relief semble alors logique. Le travail en studio s’est fait dans les conditions du live, encore plus que sur le premier album où l’on avait travaillé sur des amplis différents de ce qu’on utilise en répétition. On avait essayé de trouver des sons différents, de travailler avec une production lèchée. Sur ce deuxième album on a décidé d’utiliser uniquement les amplis qu’on a en répètition et en live, enregistrés tels quels. En trois ou quatre prises à chaque fois, c’était dans la boîte.

Que raconte cet album?

Il n’y a pas de message, on reste dans l’idée de retranscrire le quotidien. Il y a tout de même une portée plus universelle sur celui-ci, Sam commence à aborder des thèmes moins personnels que toutes les chansons du premier album. Par exemple, sur Pariah DNA, il va parler des marginaux et leur dire d’ouvrir la bouche, de s’exprimer, de dire qu’ils existent. On existe en le criant haut et fort.

Vous êtes le genre de groupe à être dans cet esprit sex drugs and rock n’ roll ? Ou pas ?

Non, on est surtout dans le rock’n’roll. Comme beaucoup de jeunes aujourd’hui, on fait la fête, mais ce n’est pas ce qui nous est le plus cher .

Pourquoi, à ton avis, la scène rock française n’est pas très diffusée dans le paysage audiovisuel français ? Il suffit de voir les trois nominés de la catégorie rock aux victoire de la musique…

Je ne sais pas. Les programmateurs de radio sont has-been et essayent de suivre la mode, alors que la mode on ne la suit pas mais on la crée. En n’écoutant pas ce que se passe dans la diversité du territoire français, ils diffusent un panel de musique très restreint. C’est dommage. Toutes les radios qui diffusent les cinq mêmes titres en boucle toute la journée pendant six mois, ce n’est pas de la musiques mais du bourrage de crâne.

Tu crois que si les programmateurs des radio osaient vous programmer, le public adhèrerait ?

C’est difficile à analyser, sur la tournée du premier album on remplissait la moitié de la jauge des salles, ce qui était dèjà très bien par rapport aux attentes de notre tourneur : on est rentré dans nos objectifs. Aujourd’hui, c’est le bouche-à-oreille qui est la solution pour attirer du public, puisqu’on ne peut pas compter sur les programmations de radio. Il faut des bons morceaux et persister dans la durée.

Quand on vous a vu une fois sur scène, avec l’énergie de Sam à bouger dans tous les sens, on comprend que vous vivez votre musique en concert. Est-ce vraiment important ce coté transpirant du rock ?

Adolescents, on a souffert de la non-représentativité du rock dans les médias de masse et les radios. L’artifice est premier, et ce n’est pas notre manière de vivre. On s’est retrouvé dans le côté sueur et authenticité, d’où le nom de notre album.

On voit que désormais les groupes doivent vraiment vendre leur musique sur scène et plus seulement sur disque pour exister. Comment abordez-vous cette nouvelle tournée, en matière de jeu de scène et de décors ? Y a t-il des évolutions par rapport à la précédente tournée ?

On est resté sur la même lignée que le premier album en se concentrant sur la musique et en donnant un show authentique, simple, brut de décoffrage.

En répondant à une question sur Noisey, vous avez dit que vous preniez autant de plaisir à jouer sur une petite scène que sur la grande scène des Eurockéennes. Ça va être le cas cette année, allez-vous retourner aux Eurocks ?

Je ne sais pas, pour le moment nous n’avons pas de date aux Eurockéennes mais on ne dirait pas non. On a déjà joué aux Vieilles Charrues ou à Montreux, le seul facteur d’un bon concert c’est le public, l’énergie qu’il nous donne.

A Besançon vous jouez avec les Stuck In The Sound. Vous les appréciez ?

On ne s’est jamais croisés et je ne les ai jamais vus sur scène. J’avais apprécié leur single Tomboy mais je n’ai pas trop suivi le reste de leur discographie.

Qu’est-ce qui tourne sur vos platines en ce moment ?

Un groupe anglais, Ulrika Spacek, speed et aérien à la fois, c’est Sam qui me l’a fait découvrir. J’aime beaucoup le premier album de Corners ainsi que celui de Fufanu.

Quel est le live qui vous a le plus marqué ces six ou douze dernier mois?

C’était Nick Cave sur la grande Scène de la Route du rock. Une énorme claque.

 

Un grand merci à Théo pour ses réponses.

Interview réalisée par Bob, retranscription Clémence Mesnier

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