Foals, le mythique quintet rock anglais est de passage à Lyon ce soir pour défendre leur nouvel album, le génial What Went Down. Nous avons eu la chance de rencontrer Jack Bevan, le batteur talentueux de la formation, à quelques heures de monter sur scène devant 3000 personnes.
Salut Jack, comment vas-tu ?
Bien merci, on vient juste d’arriver. Les dernières semaines ont été dingues. Un peu fatigués par la soirée d’hier mais on a hâte de monter sur scène.
Où étiez-vous hier soir ?
À Londres, nous étions à la cérémonie des Brit Awards il y a deux jours.
Félicitations pour le travail accompli sur What Went Down, peux-tu m’en dire plus sur le processus de composition et d’enregistrement de cet opus ?
Sur ce disque, tout s’est passé assez naturellement, nous avons profité au maximum de la tournée, nous ne ressentions pas le besoin de marquer une transition trop longue pour débuter à écrire le successeur d’Holy Fire. Le dernier festival dans lequel nous avons joué a eu lieu en septembre, nous nous sommes ensuite posés la fin du mois de septembre avant de commencer à composer en octobre. L’écriture de What Went Down s’est achevée en février. C’est ainsi que nous avons enchaîné avec l’enregistrement. Nous pensions que ça allait prendre plus de temps mais tout s’est bien passé, nous ne voulions alors pas passer davantage de temps à attendre et faire attendre les fans.
C’était bien de faire en sorte que nos idées sortent naturellement, et qu’elles prennent rapidement vie.
Vous avez enregistré ce disque dans le sud de la France, au studio la Fabrique, comment était-ce d’enregistrer là-bas et de travailler avec James Ford ?
C’était super ! Saint Rémy de Provence, où nous étions pour enregistrer est un endroit magnifique. C’était vraiment idéal car nous y étions en peu de temps et ça faisait aussi du bien d’être en dehors d’Angleterre, rien qu’au niveau de la météo… Tout ceci nous a inspiré, le fait d’être dans un tel endroit, avec une culture différente de la notre, le fait de profiter de l’environnement extérieur pour travailler était épanouissant.
Nous essayerons toujours d’enregistrer chaque album dans un lieu différent pour vivre une nouvelle expérience à chaque fois excitante.
Quel a été le premier album que tu as acheté ?
C’était Dookie, de Green Day ! J’ai dû l’acheter 1997, lorsque j’étais en voyage en Allemagne avec l’école. Je devais avoir 12 ou 13 ans.
C’était véritablement la première fois que j’écoutais un disque en me disant que je m’identifiais à cet univers, ça a été un déclic.
Et c’est ce qui t’as amené à commencer la batterie ?
Tout à fait, j’ai commencé la batterie à l’âge de 14 ans. J’ai été batteur dans quelques groupes à l’école, j’ai rencontré Yannis lorsque j’avais 17 ans et nous avons monté un groupe avant Foals appelé The Edmund Fitzgerald.
C’était complètement différent, assez post-rock, des plans plutôt compliqués avec des instrus très longues et sans trop de paroles. Foals s’est révélé être très différent après cette expérience.
Vous êtes dans l’industrie de la musique depuis plus d’une décennie maintenant, quels sont les changements que vous avez constaté en dix ans ?
L’ensemble de l’industrie de la musique a été profondément chamboulée. Elle s’est effondrée et reconstruite différemment. Lorsque j’ai commencé, les groupes arrivaient encore à gagner un peu d’argent sur les ventes d’albums, les gens achetaient encore des disques. Et le streaming est arrivé… Tu sais, il y a dix ans, Internet n’était pas encore assez puissant pour que le streaming marche. Et aujourd’hui, tu peux télécharger un album entier en quelques secondes à peine.
Le côté positif, c’est que chacun réalise que l’industrie future de la musique est en ligne, et qu’aujourd’hui les plateformes de Streaming comme Apple Music ou Spotify proposent de faire payer le streaming musical, contrairement à d’autres sites…
C’est un peu plus juste, même si les groupes ne sont pas encore assez payés sur le streaming en ligne, mais ça semble allez dans une meilleure direction.
Vous avez un grand vivier de fans en France, que voudriez-vous leur adresser ?
Merci à eux de nous suivre depuis le début de cette aventure. Paris a été le premier endroit en dehors de l’Angleterre où nous avons joué, je crois que c’était en 2006 ou 2007. Depuis, nous sommes revenus de nombreuses fois, nous avons essayé de ne pas négliger les petites villes, même si nous ne pouvons pas jouer partout.
Sur la dernière tournée, nous avons découverts des endroits magnifiques comme les arènes de Nîmes, ou de très belles villes. Nous sommes très reconnaissants qu’autant de gens se déplacent pour nous voir jouer.
Comment est le public français ?
Bien ! Tu sais, je pense que les publics sont très différents de ville en ville, de concert en concert. Notre dernier concert français était l’Olympia à Paris il y a quelques semaines, la foule était dingue, on pouvait ressentir le sol trembler.
John Lennon a dit : “le rock français, c’est comme le vin anglais“. Es-tu d’accord ?
Je connais peu de groupes français mais que des bons ! Sébastien Tellier par exemple, La Ritournelle est un de mes morceaux préférés ! Phoenix sont bons également. Mais la renommée des vins anglais est en train de monter, alors… je pense qu’il y a du bon vin anglais comme de bons groupes français (rires)
Si tu as avais carte blanche dans un festival, quels artistes programmerais-tu ?
Ça va te paraître cliché mais je dirais The Beatles, Kate Bush, Talk Talk et Neil Young.
Quel est le côté le plus prenant dans ta vie de musicien ?
Le côté le plus difficile est de penser que tu manques à tes proches. Lorsque tu es en tournée, tu as une sorte de rythme de vie d’adolescent, tu n’as pas beaucoup de responsabilités.
Lorsque ça a démarré et que j’avais 20 ans et que mes amis avaient également la vingtaine à l’université, nous étions tous les mêmes, nous allions voir des concerts, allions à des fêtes,… Maintenant que j’ai 30 ans, j’ai toujours ce rythme de vie tandis que beaucoup de mes amis sont mariés et ont des enfants. Par exemple Walter, la bassiste est marié avec un enfant.
En clair, c’est un peu plus difficile de devenir adulte avec des responsabilités.
À part travailler dur, quels conseils donnerais-tu aux jeunes groupes qui se lancent ou aux musiciens en devenir ?
Je pense qu’il ne faut pas mettre tous vos oeufs dans le même panier. Nous étions tous à l’université lorsque nous avons signés, et le groupe n’était qu’un hobie. Le succès est tellement lent à arriver, il faut toujours avoir un plan B, au cas où. Si tu fais ce que tu aimes le plus avec passion, ça devrait suffire.
Plusieurs fois, j’ai rencontré des jeunes me demandant “comment tu as fais pour devenir célèbre ?”
Et je pense que si tu en viens à te poser cette question, c’est que tu n’y arriveras jamais car si tu fais de la musique pour quelqu’un d’autre que toi ou pour devenir célèbre, tu n’y arriveras sûrement jamais.
Quel a été le moment dont tu es le plus fier ?
Il y en a eu quelques uns récemment. J’imagine que jouer à Wembley la semaine dernière en est un. C’était le plus gros concert qu’ont ai jamais fait. C’est une question difficile.
Quelle est la meilleure question qu’on t’ai posé en interview ?
Sûrement celle-ci !
Peux-tu dire quelque chose en français pour nos lecteurs ?
Oh.. Je suis très embarrassé car je ne parle pas un mot de français alors que j’ai passé beaucoup de temps en France. Yannis parle un peu français lui. Me concernant, je n’ai pas étudié le Français à l’école mais l’allemand, ça n’a pas aidé…
Comment choisissez-vous la setlist que vous allez jouer ?
Pour être honnête, c’est la source de querelles la plus forte. Nous aimons changer la setlist aussi souvent qu’on le peut car ça maintient l’excitation de chacun. Nous voulons toujours jouer le meilleur set que possible pour le public.
On en discute chaque jour et on change des trucs de temps en temps.
Vous pensez déjà au prochain album ?
Pas vraiment, nous allons faire une pause après cette tournée car nous sommes sur la route depuis quelques années déjà. Nous allons essayer des approches différentes je pense pour le prochain opus.
Nous avons atteint un niveau qui nous permet de ne pas nous inquiéter si nous nous “retirons” quelques temps du paysage musical.
Si tu n’étais pas dans Foals, que ferais-tu ?
Je ne sais pas, j’essayais d’être photographe avant le groupe, j’aurais sûrement continué dans cette voie. Ou quelque chose avec la nourriture, j’adore la nourriture.
Ça ennuie d’ailleurs beaucoup ma copine que je n’ai pas de blog sur la nourriture, car je prends toujours des photos de ce que je mange.
Pour terminer cette interview, peux-tu me donner un mot qui te définis toi, ainsi que le groupe ?
C’est une question super difficile. J’aurais tendance à penser à choses des pas sérieuses.
Je dirais furieux pour le groupe, et pour moi, je vais dire hyperactif.