Des mois qu’on attendait le 19 février, date de la sortie de Painting With, dernier album des américains d’Animal Collective. Le trio – Deakin, quatrième acolyte du groupe pop psychédélique manquant à l’appel – avait su alimenter l’attente des fans en leur donnant quelques miettes, génialissimes au passage : Deux premiers singles, Floridada et Lying In The Grass. Après écoute, l’album est prodigieux d’originalité. Un coup de cœur pour ce début d’année 2016 à découvrir de toute urgence.
On a, par moment, l’impression d’avoir fait le tour de la pop music. En écoutant certain groupes, on s’ennuie. A tel point que quand on vous propose d’y prêter l’oreille, vous feignez l’intérêt pour ne pas vexer votre interlocuteur mais au fond de vous, vous savez que vous ne ferez pas l’effort d’en écouter un morceau.
C’est comme ça qu’on se retrouve pendant six mois avec Merriwear Post Pavillon, chef d’œuvre d’Animal Collective sorti en 2009, qui prend la poussière sur son bureau. Un jour, pour passer le temps, vous vous décidez à l’écouter et c’est une claque totalement psychédélique que vous recevez.
Il en est de même pour Painting With qui succède au magistral Centipede Hz datant de 2012. On attendait avec impatience – et aussi avec un peu d’appréhension – le digne successeur de ces albums qui renouvèlent le rock expérimental. Le résultat est plus qu’enthousiasmant.
Le premier titre Floridada, complètement hallucinant rend hommage au mouvement dada et donne le ton de l’album. L’accent est mis sur le chant et la mélodie. Les voix sont superposées les unes aux autres. Le morceau est court et énergique. Les voix sont dominées à certains moments par des bruitages bizarroïdes et des rires stridents. On croirait entendre les Beach Boys…mais sous acide avec pour hallucination des hommes préhistoriques.
Tableau assez incongru qu’on vous dépeint ici et qui ne s’arrête pas là. Une grande partie des morceaux de Painting With s’attachent à développer des mélodies obsédantes en opposition aux compositions musicales actuelles souvent très centrées sur le rythme. On pense notamment aux très bons Vertical, On Delay ou encore Spilling Guts. La dimension rythmique n’est pas négligée pour autant dans ces titres puisqu’une énergie incroyable s’en dégage.
Animal Collective choisit de s’extraire de l’obscurité – à une exception près avec Lying In The Grass – en favorisant des morceaux enjoués et vifs qui s’éloignent de l’agressivité relative à Centipede Hz. Les expérimentations sonores sont toujours au rendez-vous avec des bruitages extraterrestres ou venus d’un temps préhistorique. Sentiment de déconstruction conviviale à travers les voix qui s’entrechoquent. Pourtant, ce qui semble chaotique est bien structuré et réfléchi.
Avec Painting With, Animal Collective repense la pop psychédélique et la place de la voix au sein de la musique et c’est en ça qu’il s’apparente au dadaïsme. Dans sa volonté de s’exprimer librement, de bousculer les traditions de la pop pour en faire une musique captivante dont on a encore à apprendre, tout en gardant cet amusement relatif au mouvement dada. Il va donc de soi qu’on vous le conseille vivement.
-Solène Barbier
Artiste : Animal Collective
Album : Painting With
Label/Producteur : Domino
Date de sortie : 19/02/2016
Genre : Pop rock psychédélique
Catégorie : Album Rock