Pour ceux qui n’ont pas connu les nineties, la musique ne se résuma pas à la Brit Pop, aux boys band ou au “Et 1, et 2 et 3-0” d’un soir d’été dans cette période préhistorique ne connaissant ni YouTube ou le haut débit, mais devant se contenter du Hit Machine et du 56k.
Ajoutez le suicide de Cobain et ces années paraissent maudites sur le plan musical. Et pourtant, parmi les nombreux groupes de musique qui sont arrivés à cette époque (il y en a eu de très bons !), Skunk Anansie a été l’un des plus appréciés : une version explosive et punk de la brit pop, le charisme de la chanteuse Skin, la forte cohésion du groupe (tous les membres de la formation d’origine sont présents depuis 1991 et lors de la reformation en 2009) et une poignée de tubes énormes (Hedonism, Brazen, I can dream….) ont fait de ce groupe de rock furieux aux textes politisés un des plus populaires de cette époque.
Sixième album studio, qui confirme le tournant électro du précédent opus Black traffic en 2012, avec une production entièrement confiée à Tom Dalgety (producteur d’autres groupes comme Royal Blood). Le premier morceau, Love someone else est un single efficace, alliant énergie et électro (le son n’est pas sans évoquer Gossip, en sonnant plus pop). Victim à l’écoute évoque une ambiance lourde, et le morceau Beauty is your curse dans un style oscillant entre le métal et la pop, juste avant Death to the Lovers est une jolie ballade électro montrant à quel point la voix de Skin demeure étourdissante et toujours unique dans le paysage du rock actuel.
In the back room nous emmène plutôt vers le rock industriel, ambiance Nine Inch Nails, avec des guitares toujours présentes, mais un ensemble qui donne une impression d’inachevé, effet qui se confirme avec Bullets où un manque de flammes se fait ressentir. That sinking feeling permet au groupe de retrouver un peu plus d’énergie, faisant de ce morceau un moment agréable, exactement la même impression que nous fait le morceau Without You qui lui succède : de bons passages, mais aussi des moments vite oubliables, à l’image du morceau instrumental Suckers, d’une durée de 81 secondes et qui n’apporte pas grand chose. We are the flames est un bon morceau rock, avant que I’ll let you down, autre jolie ballade qui clôture cet album dont les titres de chansons ne font pas dans la plus grande gaiété. Au final, une impression mitigée : au plaisir de revoir ce groupe familier (on se souvient aussi d’une prestation convaincante aux Eurockéennes en 2013) s’ajoute un sentiment partagé entre moments plaisants et d’autres plus consensuels ou parfois un peu décevants. Reste bien sûr cette voix à fleur de peau. Quoi de plus normal quand on s’appelle Skin ?
-Julien
Artiste : Skunk Anansie
Album : Anarchytecture
Label/Distribution : Universal Music Ireland Ltd.
Date de sortie : 15/01/2016
Genre : Rock
Catégorie : Album Rock