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INTERVIEW : IZIA

A l’occasion de son passage à Nantes fin septembre, Izia, ayant récemment joué dans La Belle Saison, revient sur son album, ses concerts, ses critiques lors de son troisième album, La Vague.

Sensationrock : Tu as joué à Nantes. Contente de retrouver le public nantais ?

Izia : Oui, je suis très contente de rejouer ici car la dernière fois c’était pour un concert filmé et on ne m’avait pas prévenue que ça l’était. Je n’aime pas trop ça. Donc je suis très contente de pouvoir rejouer ici dans la salle de Stereolux, libérée des caméras et face au public. Surtout que Stereolux est l’une de mes salles préférées de France. Le catering de cette salle est délicieux, c’est quand même important de le souligner ! En plus de ça, Nantes est une ville magnifique. J’ai fait mon petit footing ce matin et c’est juste trop beau !

Tu es Nantes pour défendre ton troisième album La Vague qui est sorti en avril 2015. Beaucoup plus calme que tes deux précédents albums qui étaient très rock. Pourquoi ce changement ?

Je pense qu’il est important d’évoluer dans une carrière et de faire des choses personnelles avant de penser au public. Pour moi, il y a deux aspects très différents : le studio et la scène. Côté studio, il ne faut pas penser au public, il faut penser à soi avant tout pour faire un album qui te plait. En revanche, pour la scène, je transmets toujours la même énergie. Ce n’est pas parce que l’album est plus ‘’ calme ‘’ que je me pose sur scène. Et je ne dis pas ça pour rassurer le public, pour faire genre ‘’ Venez au concert parce que il y a toujours la même énergie ! ‘’. Je pense que c’est une mauvaise démarche. Le public qui me connaît sait que je suis la même sur scène.

 Tu chantes en français sur cet album. Est-ce que tu aurais pu faire la même chose en anglais avec le même style ?

Bonne question, mais non, je ne pense pas. J’étais partie sur l’anglais au début mais le français est venu sur la route. Je pense que l’album a plus de sens en français qu’en anglais.

Tu préfères chanter en anglais ou en français d’ailleurs ?

En français. Avec mes trois albums je peux désormais mixer entre le français et l’anglais sur scène, mais je pense que le prochain album sera aussi en français avec des refrains en anglais. C’est vachement fun d’écrire en français. C’est ma langue maternelle donc j’ai plus de vocabulaire et c’est beaucoup plus intime. Tu t’ouvres plus, il y a plus de sensibilité et de nuance dans la façon d’interpréter le texte.

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Les Inrocks ont rédigé un article sur toi à la sortie de ton troisième album qui a beaucoup fait réagir. Le journaliste a écrit ‘’ N’est pas Christine and The Queens qui veut ‘’, comme si ce groupe avait le monopole de la chanson électro en français. Comment as-tu réagi à la lecture cet article ?

Honnêtement je n’en avais vraiment rien à foutre. C’est complètement infondé, c’est vraiment pour me détruire. D’ailleurs le journaliste ne parle même pas de ma musique. En gros, ce que j’ai retenu de l’article, c’est qu’il fallait que je m’achète une crédibilité avec l’indé. C’est n’importe quoi. On a le droit de se mélanger. Je suis sur une major mais par exemple le groupe de mon batteur est sur une indé et c’est un très bon ami à moi. En plus Les Inrocks sont les premiers à dire qu’ils veulent qu’il n’y ait plus de barrière entre le mainstream et les indés. Donc pour moi c’est un article qui n’a aucun sens et aucune valeur. Ils veulent juste faire le buzz sur le dos de quelqu’un. J’ai un peu fait mon enquête dans la journée. Apparemment, c’était dans la tête du journal depuis longtemps de me démolir. Je crois qu’ils auraient pu écrire n’importe quoi, ça aurait été pareil du moment qu’ils me détruisent. Ils n’avaient jamais écrit d’article sur moi auparavant, il fallait qu’ils se positionnent et ont choisi de me détester.

Tu apparais dans l’album des Casseurs Flowters, Orelsan est en featuring dans ton dernier album, tu as fait une reprise de Lose Yourself  d’Eminem et tu apparais sur scène avec Joey Star. Tu as un rapport particulier avec le rap ?

J’adore le rap. D’ailleurs je serais capable de faire un album hip hop la prochaine fois. Pour revenir sur le sujet des Inrocks ‘’ N’est pas Christine and the Queens qui veut ‘’ et sur le fait que le groupe ait le monopole de la chanson électro en français, aujourd’hui, si on était dans un autre pays, en Angleterre ou aux Etats-Unis par exemple, il y a énormément artistes qui sont sur le même style musical. C’est pareil dans le rap. On ne va pas parler d’un album de Kaaris en disant ‘’ N’est pas Booba qui veut ‘’. Tout le monde a le droit d’exister là où il est. On est en 2015 bordel ! Il devrait y avoir plusieurs femmes qui font de la musique électronique sans qu’on les compare à Christine and The Queens. Je trouve que c’est pareil dans le rap. Sa musique, son attitude, les dégaines et les gens me touchent et me plaisent. Je pense que c’est important de se mélanger entre nous, de créer ensemble. C’est l’éclectisme au gout du jour. Tout le monde fonctionne comme ça aujourd’hui. La première fois que j’ai rencontré Orelsan qui est maintenant mon ami, je lui ai dit que je retrouvais en lui mon alter ego masculin du rap et il se disait la même chose de moi. Tu peux te reconnaître en des gens qui n’ont rien à voir avec toi, qui ne font pas la même chose et c’est ça qui est important.

Pour ton troisième album, tu as travaillé avec Johnny Hostille qui a également bossé pour Lescop. On reconnaît d’ailleurs très bien son style. Comment s’est passé cette collaboration ?

Pour une fois c’est le label qui a bien fait son travail ! Comme quoi ça existe ! ( rire ) J’adore mon label. C’est Barclay qui m’a récupérée car je voulais changer pour ce troisième album. Je leur ai dit que je voulais de nouvelles sonorités, plus produites, plus eighties, plus synthétiques mais en gardant le côté rock et ils m’ont immédiatement proposée Johnny Hostille. Je suis partie le voir à Londres et on a bossé tout un weekend ensemble et ça a donné le titre You. On s’est tout de suite bien entendu donc on a décidé de faire cet album ensemble.

Tu es également actrice. Tu as eu plusieurs prix : César de la meilleure espoir féminine et Etoile d’or de la révélation féminine pour Mauvaise Fille, tu as été nommée aux Césars 2015 pour la meilleure actrice dans un second rôle pour ‘’ Samba ‘’ et tu es en ce moment à l’affiche du film La Belle Saison où tu as le rôle principal.
Tu préfères la musique ou le cinéma ?

J’adore le cinéma mais sans hésiter je préfère la musique, la scène, créer en studio, être dans un tour bus à boire des bières avec des potes. C’est ça la vie ! Dans le cinéma, je comprends de plus en plus les acteurs qui se mettent à la réalisation. Parce que quand tu es acteur, tu donnes énormément de toi-même, tu fournis un travail immense mais tu n’es pas la source de création d’un projet, tu n’es que l’exécutant de la volonté de quelqu’un. Dans la musique, j’ai une liberté qui n’existe nulle par ailleurs car ça vient de moi. Je ne dirai pas que c’est plus intéressant mais ça te porte plus, tu te sens plus concerné. Mais ce qui est génial, c’est que j’ai la chance de ne pas à avoir à choisir. Si je veux faire de la musique, je fais de la musique et si un projet au cinéma ne me plait pas je ne le fais pas. Si un scénario me plait je peux mettre la musique en stand by pour le tournage. Je remercie le ciel car j’ai la possibilité de faire ce qui me plait dans la vie et c’est ce qu’il y a de plus précieux.

Est-ce que il y a quelque chose que tu rêverais de faire ?

Une comédie musicale ou du théâtre. Quelque chose sur les planches en tout cas. Le théâtre ce n’est pas évident car ça demande beaucoup de temps, au moins 8 mois de ta vie donc c’est un peu compliqué. On m’a déjà fait des propositions mais je n’ai pu accepter à cause du temps. Mais peut-être à 40 ans. Je n’ai que 25 ans, j’ai la vie devant moi !

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Merci Izia de nous avoir accordé cette interview.

-Jules

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