Une semaine après un plateau partagé au Moloco avec Igorrr et Horskh (il va justement être question d’Igorrr dans quelques lignes), James Kent alias Perturbator retrouvait ses acolytes Carpenter Brut et Dan Terminus à Lyon. L’occasion de lui parler des différentes facettes qu’il met en scène à travers ses projets artistiques.
Sensationrock : Au lieu de commencer en parlant de Perturbator, pourrais tu revenir sur son double, l’Enfant de la Forêt ?
Perturbator : L’Enfant de la Forêt c’est un side-project que j’ai fait dans l’optique de faire de la musique ambient et je me suis retrouvé à faire des rythmes trip-hop, c’est parti vers quelque chose de singulier que je ne retrouve pas dans Perturbator. Je travaille seul dessus. Techniquement, c’est le même procédé que Perturbator sauf que ce n’est pas du tout le même univers. C’est plus sérieux, horreur, dérangeant et je me permets plus de folie et d’expérimentation dans ce projet-là.
Tu travailles avec des instruments dessus ?
Tout simplement la guitare, un mélange de guitare et d’instrus électroniques. J’ai récemment intégré aussi de la guitare dans Perturbator.
Ces deux projets me font penser à Mondkopf et Autrenoir. Est-ce important pour toi d’avoir d’un côté l’artificiel de Perturbator, composé sur ordinateur, et de l’autre quelque chose de plus “naturel” (ne serait-ce que par ce nom, l’Enfant de la Forêt) ?
Ça va sonner hyper français et arrogant, mais c’est important pour moi de m’exprimer de différentes façons. Perturbator en est arrivé à un point où ça ne suffit plus, j’ai besoin de créer d’autres atmosphères.
Entre Perturbator et l’Enfant de la Foret, qui est Dr Jekyll et qui est Mr Hyde ?
L’Enfant de la Forêt !
Un album est-il prévu ?
C’est en projet. Avec la chanteuse d’Igorrr, un album opéra, malsain, expérimental.
J’ai aussi lu que tu voulais rajouter un batteur sur scène…
La guitare c’est en studio mais le batteur ce n’est que pour la scène, afin de “scotcher” les gens. Avec Perturbator, ce seront toujours des drum-machines à la composition, pour le côté rétro mais sur scène la batterie serait plus visuelle. Plutôt que d’être seul sur scène, un batteur pourrait rajouter un truc plus organique, avec des improvisations.
En live, tu fais un peu peur aux gens à les regarder si méchamment ! Est-ce que c’est pour faire peur aux fluokids ?
(rires) J’aime bien être vénère sur scène, c’est cathartique. Ça rappelle les groupes de black métal à la Gorgoroth qui arrivent et repartent sans dire bonjour ni aurevoir. Tout ce qu’il fait c’est de monter sur scène et de regarder les gens méchamment, les mépriser. C’est une image que je trouve très forte en live.
Quels synthés émulés utilises-tu ?
Principalement les émulateurs du légendaire Yamaha CS-80 qui a été utilisé pour la bande-son de Blade Runner. Après j’utilise aussi d’autres classiques comme ceux de Carpenter.
On parle beaucoup de métal confronté à l’électro. Tu n’as jamais pensé à te lancer dans l’indus ? C’est ce qui apparaît en premier lorsqu’on hybride les deux…
J’aime bien l’indus, mais old-school type Killing Joke, Ministry. J’aime beaucoup NIN. Ca ne me dérangerait pas de visiter la musique indus le temps d’un Ep mais je ne changerais pas le direction de Perturbator vers cela. C’est tentant mais c’est casse-gueule, je connais très peu de groupes qui mélangent le métal et l’électro en le faisant bien, c’est un terrain glissant. Parmi les idées d’Ep, j’aimerais faire un truc ambiant, un autre cold-wave.
Tu as fait un appel à cover d’un de tes titres pour célébrer tes 30 000 “likes” sur facebook. Si toi, tu devais reprendre quelque chose, que ferais tu ?
Claude François. Version dark. Ou Joe Dassin. Une vieille musique française.
Un lieu parfait pour mixer, ce serait où ?
Une station spatiale, en orbite.
En live, tu passes des vidéos assez old-school. On ne va pas te demander quelles sont tes références cinématographiques puisque tu as déja dû répondre des dizaines de fois à cette question. Mais Actuellement, rien ne t’a marqué niveau cinéma ?
It Follows est vraiment cool. C’est le premier film d’horreur que j’ai aimé sur ces six dernières années. Un des films qui me fait le plus peur sinon, c’est The Ring, l’original. L’Enfant de la Forêt part de là.
Un film qui n’existe pas encore et dont tu ferais la BO serait composé de quels éléments ?
Des meufs à poil, des mecs hyper musclés à tel point qui ne peuvent même pas marcher, des armes, de la coke, une course-poursuite en jet-ski, un camion qui se retrourne, un paysage futuriste hyper dépressif, des robots, des lasers, un mec qui skate sur le trottoir et des rituels sataniques. On développera l’histoire autour des éléments.
Une dernière question. Etre sur scène, c’est se cacher ou être en lumière ? Ou mettre un masque ?
Se cacher. Etre quelqu’un que tu n’es pas.
-Clémence Mesnier
