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THE DEAR HUNTER, « Act IV : Rebirth in Reprise »

Laissons résonner les trois coups d’un nouvel acte ! En effet, après une pause de deux albums résolument rock, The Color Spectrum (2011) et Migrant (2013), les américains de The Dear Hunter, notre cher chasseur mené par l’américain Casey Crescenzo, reprennent l’histoire de leur personnage éponyme avec Act IV : Rebirth in Reprise, six ans après Act III : Life and Death. Retour gagnant.

Ce nouvel opus est, comme ses prédécesseurs, un album-concept composé de quinze titres : de quoi ravir les fans du groupe habitués aux disques-fleuves. La recette musicale et thématique de The Dear Hunter est la même que pour ses autres œuvres et pourrait s’apparenter à un conte circassien (dans les rythmes) et une voix principale, cousine de celle de Brendon Urie, chanteur de Panic! At the Disco. Mais la comparaison s’arrête là. Casey Crescenzo s’entoure de cordes et de vents (il y a de tout, si, si!) en gardant comme cœur électrique, guitares, batterie et claviers, qui définissent l’univers si particulier de The Dear Hunter. Particulier de par l’histoire également, qui transmet en musique, la vie d’un jeune homme, au début du XXe siècle, « the dear hunter ».
Connaître la trame narrative créée par Casey Crescenzo n’est pas nécessaire à l’appréciation de la musique en elle-même dont les paroles offrent plusieurs lectures.
C’est sur cette réflexion que débute le quatrième acte, traduite par « Rebirth », une intro toute en polyphonie, marque de fabrique du chanteur, dans laquelle le personnage affirme que sa quête identitaire s’achèvera en temps voulu. The Old Haunt, efficace grâce à son refrain entraînant et à une voix qui nous porte instantanément avec un cri du cœur « tu veux partir de chez toi, mais tu ne veux pas perdre le contrôle » et se conclut par un ardent « réveille-toi ! ».
Waves, aux mêmes allures pop rock que The Old Haunt, est une métaphore très bien écrite sur une perte affective, un naufrage auquel on ne s’attend pas et où l’on espère apercevoir un phare qui ne se montre jamais. La douleur ne semble jamais s’éteindre dans la balade suivante At the End of the Earth, très épurée au début puis qui s’ouvre sur un rythme soutenu à la batterie et un contretemps qui souligne chaque refrain, comme pour rappeler la souffrance d’un cœur meurtri. Le pont est une supplique déchirante, « rends-moi mon âme » ; les instruments s’effacent au fur et à mesure et laissent un piano improviser quelques notes pour accompagner un chœur et nous emmener sur le doux morceau voix-orchestre ternaire Remembered, cinquième titre qui clôt la première phase de l’album.
A Night on the Town est un titre de neuf minutes, une parade rythmée, marquée dès le début par des cuivres, qui nous coupe de la rêverie précédente mais qui se termine pourtant de façon instrumentale et mélancolique en alternant piano aux notes piquées et orchestre qui mime le chant. La fête nocturne laisse place désormais à une gueule de bois exprimée dans Is There Anybody Here et à une impro à la guitare électrique en fin de morceau que l’on ne se lassera pas d’écouter. La deuxième phase se termine avec The Bitter Suite IV And V : The Congregation And The Sermon In The Silt au style circassien et cabaret reflétés dans l’instrumentation et une voix énergique, et The Bitter Suite VI : Abandon qui, bien qu’appuyé, est teinté de tristesse avec une ligne de basse tourbillonnante.
La dernière partie de l’album enchaîne les cinq derniers titres sans discontinuer. Dans The King of Swords, chanson à grand renfort de chœur qui se poursuit dans le morceau suivant If It Goes Well, le personnage, qui ne cherche pas la célébrité se retrouve sous les feux des projecteurs.
Wait, sonne plus rock que les autres titres : le refrain sombre et tourmenté grâce à la batterie, des guitares et des cordes est sans doute le coup de cœur qui se démarque, montrant que le groupe sait aussi faire court et efficace, surtout quand on sait que leurs chansons font en moyenne plus de cinq minutes.
Comme un serpent qui se mord la queue, Ouroboros, clôt cet opus dont les titres forment un tout évolutif et cohérent en nous livrant un personnage en recherche d’affection et de rédemption, dépendant de ses actes pour lesquels il espère échapper à un jugement supérieur. Les aficionados savent à quoi s’attendre en écoutant les albums de The Dear Hunter qui se conforte dans son identité musicale et dans le schéma harmonique qui joue sur les demi-tons, depuis leur première démo sortie en 2004. Les néophytes, quant à eux, pourront cependant se targuer d’avoir fait une belle découverte et attendre les prochaines aventures du groupe qui a prévu ce conte en six actes.

-Audrey Olivier

Artiste : The Dear Hunter

Album : Act IV : Rebirth in Reprise

Label/Distribution : Cave and Canary Goods / Equal Vision Records

Date de sortie : 04/09/2015

Genre : Rock

Catégorie : Album Rock

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