Dans ce magnifique lieu qu’est le théâtre antique de Fourvière se produit ce soir Damien Rice, qui s’était fait très discret depuis la sortie de son album 9, il y a huit ans.
L’artiste a manqué au public français, et nous le ressentons ce soir avec une foule qui s’est déjà massée en nombre devant la scène et dans les gradins où il est difficile de trouver une bonne place, deux heures avant son entrée sur scène.
Quelques minutes après avoir pris place, deux jeunes filles, amies du chanteur, déboulent timidement sur scène avec une guitare à la main, pour interpréter deux morceaux dont une reprise, visiblement à l’aise devant autant de personnes. Elles recueillent d’ailleurs les encouragements du public qui les soutient avec de généreux applaudissements. Quelques minutes plus tard, Mariam The Believer, une dame au charisme étonnant, entame seule le répertoire qu’elle a pourtant l’habitude de jouer accompagnée. Dès les premières notes, on est un peu déstabilisé par sa voix et sa musique un brin psychédélique, au croisement de l’indie pop et de la soul, pouvant parfois rappeler des artistes comme Patti Smith ou PJ Harvey. Mais, au final, l’authenticité et l’originalité de la suédoise convainc.
22h15, Damien Rice arrive alors pudiquement sur scène armé d’une guitare, sous les cris des fans présents dans le théâtre. Il livre les premières notes de Cannonball, tout en douceur et en simplicité. Le charme de l’irlandais opère dès l’instant ou il chante, son charisme fait mouche et l’audience est d’ores et déjà acquise. Malgré le monde présent ce soir, on assiste à un concert intimiste, grâce à des lumières tamisées et un apparente simplicité dans la formation live, on retrouve seulement l’irlandais en guitare-voix, mais le tout est bien ficelé et le tour est joué. Damien Rice passe en revue l’ensemble de ses tubes mais aussi des titres de son dernier album, My Favourite Faded Fantasy, qui prennent beaucoup d’ampleur en live. Le silence religieux durant la prestation est impressionnant, tant le public est concentré et n’ose pas faire un seul bruit comme si l’audience ne voulait pas manquer une miette du concert. L’artiste dévoile peu à peu sa personnalité un peu ambigüe, des fois torturée et d’autres fois plus énergique et expansive, mais toujours avec beaucoup d’humilité et de sincérité. Comme dans Woman Like a Man et son outro explosif, à coups de distorsions dans la voix et dans sa guitare.
L’émotion est tout de même le fil conducteur du concert, que ce soit pendant 9 crimes, Volcano ou Older Chests, Damien Rice n’hésite pas à se livrer et donner de lui même, essayant même d’instaurer une proximité avec le public en faisant des efforts pour se faire comprendre dans un français déjà bien maitrisé. Au détour des titres qu’il délivre avec profondeur, il se confie avec humour, raconte des anecdotes et nous fait partager sa vie et sa vision de la vie. Mention spéciale pour le bouleversant The Blower’s Daughter, quelque peu remanié pour l’occasion. On regrette quand même l’absence d’orchestration qui ce serait bien prêtée à la prestation, on aurait aimé entendre Damien chanter ses titres accompagné d’un piano et de quelques cordes, ce qui aurait sûrement donné encore plus de relief à ses compositions.
Après une heure et demie de messe pop-folk assez sombre et un rappel surprenant, et notamment après un duo avec Mariam The Believer, Damien Rice tire sa révérence en nous ayant offert un très beau moment dans un lieu avec beaucoup d’histoire et de cachet.
Crédits photo : Sound Of Violence