Trio américain ayant partagé une enfance à Atlanta et désormais établi à New-York, Algiers mêle gospel et post-punk dans des textes forts et percutants. Ils doivent leur nom au film de Pontecorvo, La Bataille d’Algers, référence aux luttes politiques qui animent l’album.
C’est le voyage et la délocalisation qui percutèrent leur réflexion politique en comparant une métropole comme Londres, son effervescence culturelle, par rapport à Atlanta et à sa marginalisation. Mais Algiers ne cherche ni la provocation ni la revendication ostentatoire. Pas de discours superflu mais un déferlement incantatoire (When You Fall). Le groupe communique peu, se distinguant ainsi de la pléthore d’artistes auto-revendiqués engagés qui se perdent en palabres. Voyons donc du côté de leurs productions.
Tout est tonnerre chez Algiers, à l’image de Claudette. But She Was Not Flying est un bourdonnement de voix en sourdine qui vont devenir chant scandé et appuyé. La basse ronronne goulûment. Irony. Utility. Pretext. Court et sabrant, nerveux comme du post-punk. Mais un post-punk sur lequel viendrait se greffer des choeurs gospel qui deviennent chant funèbre à la moitié du morceau. Gospel, punk et post-punk partagent un rythme directeur, des battements, un certain swing, des éclats de voix pour exprimer questionnements et réponses.
L’effervescence dont chaque titre fait preuve est animé par la lutte, celle contre l’oppression dont ils furent les victimes durant leur enfance dans une ville ultra-conservatrice. Algiers, c’est donc la référence à une ville-symbole qui représente la lutte contre l’hégémonie et l’oppression : “Faith, the diamond in the chain / Still I was a slave, waiting to be saved / Dream, the body sleeps but I / Am not too proud to roam” (The Afghan Whigs). Franklin James Fisher au chant, Lee Tesche à la guitare et Ryan Mahan à la basse sont surnommés les “Death Grips du gospel”. Il y a aussi du blues et des cris sur cet album, ainsi que de la douceur (Games).
C’est un mélange étrange, déroutant mais très fort qu’a concocté Algiers, qui ne laisse pas indemne. Un partage entre le côté tribal d’une rythmique trébuchante et d’un chant sur lequel l’oreille se focalise, tandis que la basse et la guitare viennent donner une injonction dépressive.
-Clémence Mesnier
Artiste : Algiers
Album : Algiers
Label/Distribution : Matador
Date de sortie : 02/06/2015
Genre : rock indie
Catégorie : Album Rock