Premier jour des Eurockéennes, 22 heures. Après le hip-hop de Set et Match, changement radical sur la scène de La Plage puisque c’est The Soft Moon qui officie. LA meilleure surprise arrivée de façon impromptue dans la programmation, en remplacement d’Antemasque.
Alors que la nuit tombe, des coups de grosse caisse retentissent. Luis Vasquez déchiquète l’air d’un “I don’t care what they say, they say” avec de monstrueux effets d’échos. La batterie et les nappes synthétiques tremblantes donnent l’impression d’être en immersion sous-marine, à l’aveugle. Black pour se mettre en jambe par le black-out, tunnel glacé d’effroi.
Dès le second morceau Luis Vasquez prend sa guitare râpée d’effet chorus, des projections de lumière blanche irriguent le plateau à 360 degrés tandis que les trois musiciens se fondent dans le pourpre. Au troisième morceau le soleil s’en est définitivement allé. C’est le moment parfait pour lancer les déchirements de Far. Avec The Soft Moon les claviers pleurent, les guitares saignent, la basse gronde, les percussions se sabordent et nous frissonnons. Saturation, chaos d’échos, éclats violets, collision entre machines et instruments, accrochage entre indus et new-wave (sur Try notamment). Des cris entrecoupent les mugissements de la basse et de la batterie. On n’a jamais vu encore une telle utilisation des synthés, cette façon de les faire pleurer. Nous avons beau être à l’extérieur, c’est une sensation de claustrophobie qui nous gagne. Comme un crépuscule, The Soft Moon a abattu son ombre sur le public médusé des Eurockéennes.
Vendredi : après The Soft Moon, la souplesse de Fakear calme la pression sur la Greenroom avant de virer jusqu’à la Loggia et voir les bisontins de Cotton Claw au succès retentissant. Ralliant le hip-hop à l’électro, le set des quatre beatmakers est taillé pour les festivals, les basses font bondir la foule amassée. Un peu plus tard, Todd Terje ans The Olsens occupent le Plage dans un ton solaire et joyeux.
Todd Terje / The Soft Moon : deux artistes (deux groupes peut-on dire) programmés le même jour sur la scène, confrontation de l’angoisse contre l’enthousiasme, deux univers antagonistes qui pourtant se rejoignent dans leur configuration scénique, char d’assaut dont l’élément moteur est l’appareillage électronique (clavier pour The Soft Moon, table de mixage pour Todd Terje) autour duquel se développent des instruments acoustiques avec une priorité donnée aux percussions.
Pour ma part, The Soft Moon arrive en tête des concerts vus durant ces trois jours ; cathartique, nerveux et accidenté.
Lien pour revoir le concert de The Soft Moon sur arte.tv
-Clémence Mesnier
Crédits photos : Eric