Toujours aussi emprunte de mystère, la crooneuse de Philadelphie sort son 4e album studio. Entre Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Janis Joplin ou Tracy Chapman, son jazz-pop glamour, engagé et sensuel, est véritablement envoûtant…
Sous ses grandes lunettes de soleil qu’elle a vissées sur le nez depuis son premier single, la belle Melody n’en est plus à cacher ses nombreux talents.
Auteur-compositeur- interprète, la star américaine, d’origine polonaise, a la classe de ces femmes sous influences dont aurait raffolé John Cassavetes, un autre grand passionné. De Jazz aussi. Et c’est bien cette source principale qui irrigue la diva plantureuse aux cheveux d’or. Une tendance qu’elle explore sous toutes les coutures, comme le très latino The Absence, son précédent album. Ce sont cette fois des trésors de voluptés Soul, Rythm’n’blues, ou carrément Blues, que sa voix exalte divinement. Currency of Man est une de ces œuvres d’art, brillante, qui dans son genre, frôle la perfection. On la savait séductrice, évidemment très douée, cultivant volontiers les mystères façon Monroe, on connaît maintenant ses exigences humaines et artistiques des plus pointues. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard, et toujours dans cet esprit éminemment perfectionniste, qu’elle a de nouveau fait appel à l’expérimenté Larry Klein, producteur ou bassiste multi récompensé, ayant entre autre œuvré pour Hancock, Joni Mitchell (son ex), Peter Gabriel, Dylan, Wayne Shorter ou Chapman (tiens ?)..Que du haut de panier, avec les succès que l’on sait.
Tout en retenue, Don’t misunderstand ouvre le bal, tandis que Don’t talk, met doucement la pression, orchestral, et constellé de quelques notes de guitare perdues, façon Radiohead. Les très Soul It Gonna Come, She Don’t Know, ou Same To You, aux cuivres charnels, voire charnus, comme un hommage aux grandes heures des Mamas & Papas.
Bad News est un petit joyau de bluesjazz, trompette, sax et trombone en écho du timbre gravement doux de la gracile. Un vrai kif. Preacherman, autre bijou et hymne blues à la basse lourde, le riff précis, le sujet grave. Un clip superbe…
On écoute les somptueux No Man’s Prize, tellement Holliday, ou If Ever I Recall you, à s’évanouir dans le décor. Une merveille….
Deux versions pour cet album (10 ou 15 titres pour la version « the artist’s cut »), des textes éclairés, parfois militants, et vraiment un exquis moment de bonheur que cet ouvrage envoûtant. Même les profanes du style peuvent suivre ce cours magistral d’une grande dame promise à devenir plus grande encore que ses prestigieuses héroïnes. Chapeau s’il vous plaît.
Artiste : Melody Gardot
Album : Currency of man
Label/Distribution: Decca
Date de sortie: 01/06/2015
Genre: Blues/Jazz/Soul
Catégorie: Album Rock