Un look et des manières à la Joy Division, un punk-rock britannique joyeux et dénonciateur ainsi que des titres qui donnent la bougeotte et comme une envie de se rebeller : Slaves c’est tout ça, et même beaucoup plus. Dimanche 5 juillet sur la scène de la Loggia des Eurockéennes de Belfort.
Slaves : deux gaillards ; une batterie, une guitare, comme on le voit souvent. Jusque-là rien d’exceptionnel vous allez me dire ? Et bien si ! Parce que Slaves est loin d’être un groupe comme les autres : déjà parce que Isaac Holman joue de la batterie debout – et ce d’une manière complètement débridée – et qu’en plus de cela il chante en même temps ! Ensuite parce leur punk est tantôt rock et tantôt punk hardcore et qu’en cela il s’adapte aussi bien à la scène underground qu’aux grosses scènes de festival.
Autres particularité, leur manière de s’inspirer de la mouvance punk dans son ensemble, en mêlant les influences sans s’y soustraire : On retrouve dans les clips ces deux Britanniques l’esthétique punk rock – crade, décalée, avec des couleurs criardes, des papiers découpés, des images subliminales… – bousculant et dénonçant les codes d’une Angleterre héritée de Thatcher (la Margaret).
Mais ils n’affichent pas l’air blasé, dépité de la coldwave (comme le faisait Ian Curtis de Joy Division dont il semble évident qu’Isaac Holman, le chanteur batteur de Slaves – dont on notera la petite ressemblance au niveau du visage – s’inspire pourtant : la danse qu’on qualifia plus tard d’épileptique et même sa posture sur scène rappelle le chanteur déchu.) Non, ils chantent bien « You are Already Dead » mais ils le font avec le sourire, un sourire plein d’humour noir.
Il y a en effet dans leurs clips, l’humour typiquement anglais – je dirais même plus punk anglais — des situations absurdes, qui permettent aux deux jeunes gens de dénoncer une société qui ne tourne pas rond. Dans Cheer Up London (qu’on ne va pas se priver de vous montrer juste en dessous) on voit par exemple un camion, arrêté en plein milieu d’une route londonienne…car le chauffeur se dispute avec un autre conducteur, on ne sait pas très bien pourquoi – situation déjà cocasse en-soi –. Le chanteur arrive, s’en mêle en prenant à partie le spectateur, l’air de dire : « vous avez vu ces deux idiots, on ne sait pas ce qu’ils font là ». Puis comble du burlesque, le guitariste Laurie Vincent, jaillit de l’arrière du camion avec une flopée de pom-pom girls et de ballons multicolores. Et tout le clip est comme ça : des situations inattendues, qui n’ont rien à voir les unes avec les autres qui s’enchaînent. Le titre Cheer Of London signifie d’ailleurs « acclamation de Londres » ; comme une manière de se moquer de cette ville censée représenter le pouvoir et la puissance anglo-saxonne, qui à chaque coin de rue n’est qu’absurdités et vaudevilles. Vous l’aurez compris Slaves maîtrise les codes visuels du punk et ses revendications.
Il en va de même pour les codes musicaux du punk : une manière de chanter qui rappelle sans hésitation les Clash qui ont donné leurs lettres de noblesse au genre du punk britannique. Mais aussi des cris éraillés, ceux du punk-hardcore cher à Cobain. La guitare elle aussi, tantôt jouée à l’arrache, tantôt très rapidement et parfaitement comme dans le métal. C’est aussi ça qui fait l’individualité de Slaves : un mix d’influences maîtrisées, mises au service d’une énergie phénoménale qui vous donnera, à coup sûr, envie de danser.
Et voici juste un dernier petit live au cas ou mon plaidoyer ne vous aurait pas convaincu qu’il fallait absolument aller les voir, dimanche 5 juillet sur la scène de la Loggia des Eurockéennes de Belfort.
https://www.youtube.com/watch?v=QNLG0x9C5oY