Aux côté de Grimes, Doldrums, mené par Airick Woodhead, est l’une des figures de proue de la scène montréalaise aux manettes d’un renouvellement électronique. Une pop pervertie.
Avant toute écoute, penchons nous d’abord sur le titre de cet album, le second après Lesser Evil. The Air Conditioned Nightmare reprend l’intitulé d’un recueil de nouvelles publiées en 1945 par Henry Miller. 1945, guerre. Au coeur de cet album, le conflit. Henri Miller, anticonformisme et provocation. Voilà pour la mise en place de l’ambiance par le titre.
Pour commencer, Hotfoot, animé d’un beat presque dub dont l’instru métallique est pourtant proche de l’indus. Cela vous rappellerait-il des mélanges propices au succès ? Damian Taylor officie au mixage, ayant notamment travaillé avec The Prodigy. Mais voilà la deuxième piste – Blow Out – pour ralentir le tempo, sur laquelle la voix d’Airick arrive, trainante, plaignante. Funeral For Lightning, troisième morceau, fait retomber dans la douceur avec des choeurs timides avalés par les boucles. Cet effet renforce l’impression de claustrophobie, d’un “sentiment paranoïaque”. Loops est très étrange, perclu d’un impact presque cacophonique, avec des superpositions dissonantes qu’on croirait mal agencées.
C’est l’occasion de saisir pourquoi Doldrums signe signe chez Sub Pop, label au sein duquel a germé le grunge, et qui, depuis, a ouvert son catalogue à d’autres genres – dont le hip-hop. L’ensemble reste très dansant, une caractéristique qu’Airick Woodhead partage avec Grimes, en plus de ses artworks DIY. Or, que voit-on en couverture ? Une tête sertie d’une larme, séparée de son corps. Image aux contours flous qui nous rappelle Le Cri de Munch. Préfiguration d’une pop folle et expressionniste.
-Clémence Mesnier
Artiste : Doldrums
Titre : The Air Conditioned Nightmare
Label/distribution : Sub Pop Records
Date de sortie : 7 avril 2015
Genre : Pop pervertie
Catégorie : Album rock