Ces Balthazar(s) là ne sont pas les résidus égarés d’un personnage issu de l’Ancien Testament mais un quintet belge qui sort un troisième album accueillant, honnête, dans lequel on aurait envie d’élire domicile.
Ceux qui ont commencé à 16 ans par des battles musicales dans la rue (Patricia et Maarten d’un côté, Jinte en face dans une course à celui qui récupérera le plus d’argent dans la journée) ont trouvé leur dénominateur commun par le hasard d’un graffiti. Hasard, tel est le mot clef pour le titre phare de cet album, Then What, au beau clip d’errance nocturne sous un masque sans bouche. Hasard, non-dits, incommunicabilité… Ce qu’ils cherchent ? La laideur. Pas le laid, la laideur. Le laid est inesthétique, la laideur telle qu’ils conçoivent concerne des actes, des comportements. Ce qui touche à l’humain, trop humain. Faire dans la laideur, l’étirer comme un peintre diluerait une gouache trop épaisse. La laideur, c’est le quotidien, le non-avoué, les petites bassesses, les détails parasites ; les états d’âme incontrôlables. En dépit de ces problématiques qui questionnent le vide de l’individu contemporain, l’album se révèle très pop, très clair ; il a été composé sur les routes lors de leur dernière tournée, dans ces passages traversés par l’euphorie de la scène et la rechute des départs. Le groupe questionne la posture voyeuriste du mélomane ; d’un côté l’artiste qui, même par les détours, les masques et les ouvertures sonores, se met à nu ; de l’autre, l’auditeur qui s’exalte devant ce spectacle d’une intimité dévoilée. Un pacte tacite les lie. Les deux songwriters/chanteurs trainent sur les dernières syllabes, ce qui apporte une nonchalance en accord avec le chant du violon de Patricia – voire ses pleurs sur Decency. Rats avait été marqué par l’influence du Melody Nelson de Serge Gainsbourg avec la discrétion d’une batterie en retrait. On retrouve ici cette forme de délicatesse, sur Bunker et ses passages à vide dans lesquels les instruments cessent. Le groupe s’est entouré de Ben Hillier à la production et de Jason Cox au mixage ; des collaborations qui se ressentent dans la texture très finalisée de l’album, comme une pierre polie qu’on aurait taillée encore et encore.
Artiste : Balthazar
Titre : Thin Walls
Label/distribution : Pias
Date de sortie : 30 mars 2015
Genre : Rock alternatif
Catégorie : Album rock