Cooking Vinyl/PIAS/2014
Celui qui s’autoproclamait Antichrist Superstar il y a maintenant vingt ans s’est – relativement – assagi et sort son album le plus convaincant depuis longtemps.
Born Villain, album pas si mauvais que ça, avait la faiblesse d’être une tentative de copiage de ce qui marchait par le passé. Mais comme bon nombre de groupe de cette même époque qui n’acceptent pas de vieillir – koRn en est une exemple parmi tant d’autres – il a eu l’effet d’un pétard mouillé. Et les concerts du Révérend sont devenus des messes tristes, délaissées par le manque de hargne d’un chanteur qui n’a plus de voix. Comme un vieux clown dont le numéro n’amuserait plus personne, sentant que sa carrière musicale s’écrit maintenant au passé plus qu’au futur, Brian Warner s’est lancé dans une autre carrière. Celle du petit écran est de façon plutôt réussie via ses apparitions dans Californication ou Sons Of Anarchy.
De retour à son amour premier, qu’en est-il du Marilyn Manson de 2015 ? Pour faire simple, il produit avec The Pale Emperor un album résolument rock. Rock à papy diront certaines langues moqueuses, mais un papy avec de bons restes et bien entouré. En plus du fidèle lieutenant Twiggy Ramirez, on trouve à la production Tyler Bates, l’homme derrière bon nombre B.O. dont le générique de… Californication. Bates a qui ont doit certainement cette mise en avant des guitares qui font de The Pale Emperor le mix parfait de Portrait Of An American Family et de Eat Me, Drink Me. Killing Stranger qui ouvre l’album, sur un rythme robotique et chaotique, se veut comme une réminiscence de l’époque où Trent Reznor aidait à mettre au monde les premiers cris de Manson. Slave Only Dreams To Be King sonne également comme au début de la carrière de l’ater-égo de Brian Warner. Mais avec la présence de Bates, The Pale Emperor trouve un son plus rock, comme avec la mise en avant des guitares sur le refrain de Deep Six et des solos de The Mephistopheles Of Los Angeles. Du rock qui vire glam avec le single hyper efficace Third Day Of A Seven Day Binge et de Birds Of Hell Awaiting qui couve une tension sexuelle à couper au couteau.
Se clôturant sur un étrange blues funèbre (Odds Of Even), The Pale Emperor nous réconcilie avec Marilyn Manson. Sans chercher à retrouver les sommets d’antan, il met de côté le versant granguignolesque et théâtrale de son personnage pour mieux se concentrer sur sa musique qui ne nous avait pas autant emballée depuis longtemps.
Artiste: Marilyn Manson
Album: The Pale Emperor
Date de sortie: 15 janvier 2015
Genre: Album rock à papy