Wagram/2014
Natas Loves You c’est un jeu d’échos et de chœurs entre cinq amis issus de nationalités diverses. Cinq amis qui s’amusent à rendre hommage à Georges Orwell en imaginant un album narratif dans lequel chaque chanson modélise un personnage en fuite.
L’art de la fugue, Natas connait. Mais alors, Natas, qu’est ce c’est au juste ? On peut longuement tergiverser sur ce nom. Natas soit Satan (en verlan) sorti des enfers. Mais aussi, et dans un ton plus léger, Natas alias la crème surmontant une pâtisserie lisboète, les pastéis de nata. Une douceur sucrée d’enfance, voilà une image qui siérait plus aux envolées pop ovni concoctées par les magiciens. Skip Tones nous renvoie en vacances directement, sans passer par la case avion. Musique solaire, sautillante, lueurs roses, chœurs rêveurs. Un morceau qui donne le sourire, à l’image des autres, naviguant parfois dans un environnement proche du disco.
Il y a une dimension initiatique dans la musique de Natas Loves You, quelque chose de l’adolescence non consommée. Énergie juvénile heureuse qui cache une sourde inquiétude. Larry Clark est d’ailleurs aux commandes du clip Got to Belong, pour un résultat très réussi. On remarque le goût des visages, du clair-obscur d’intérieur propre au réalisateur. Le “huitième continent”, c’est peut être la réminiscence, madeleine de Proust recréant un environnement confortable, sécurisant, sas de liberté protecteur propice aux élucubrations rêvées. La musique, cet espace-temps à part. “Quand je serai grand, je jouerai à Satan, je serai toujours enfant”.