Columbia/Sony/2014
Trent Reznor, Atticus Ross, David Fincher : chapitre 3. Déjà aux manettes de la bande-son de The Social Network et de The Girl With The Dragon Tatoo, le duo remet le couvert pour la nouvelle production du réalisateur de Fight Club.
Depuis Ghost I-IV de Nine Inch Nails, Reznor et Ross s’emploient à développer diverses ambiances au gré de leurs programmations, le tout souvent construit autour d’une base de piano. Des ambiances qui ont vraiment trouvé leurs penchants visuels dans les plans de David Fincher.
Notre première écoute de la bande-son de Gone Girl se fait un après-midi pluvieux, juste après celle de Kind Of Blue de Miles Davis. Et inconsciemment, il y a une certaine logique heureuse là-dedans. S’il n’y a pas de similitude d’un point de vue musical, les deux œuvres s’écoutent de la même façon. Soit on choisit de les mettre en musique de fond, soit on se pose et on se laisse complétement emporter, afin de percevoir chaque variation des différents thèmes et de se laisser pénétrer par toutes les atmosphères, les images, les sensations qui en émanent.
Gone Girl commence comme un éveil, on ouvre les yeux, on prend ses marques (What Have We Done To Each Other). Puis on découvre les deux facettes du duo : le calme et la tempête. Il y a comme une pureté dans Sugar Storm qui nous laisse en totale apesanteur ou dans les sons cristallins de Appearances et de Clue One. Ou comme une illumination dans le thème de Like Home. De l’autre côté, il y a cette froideur qui ressort des sons mécaniques et robotiques de The Way He Looks At Me et de Perpetual, qui nous rappellent qu’on est bien en présence de l’un des pionniers de la musique industrielle.
Toujours d’une ambivalence proche de la schizophrénie avec d’un côté cette tension contenue (Clue Two) ou proche de l’implosion (Consummation) et de l’autre l’apaisement feutré de Background Noise et de fin de rêve (Sugar Storm (Reprise)).
Trent Reznor et Atticus Ross font encore une fois une véritable démonstration de musique ambiante, développant diverses atmosphères et sensations, tissant un canevas de thèmes à la fois lumineux et d’une beauté glaciale, qui se marie idéalement à la réalisation de David Fincher.