En 2013, La Rodia a débuté « WITH A LITTLE HELP FROM MY SMAC » un programme d’accompagnement destiné aux groupes émergents du champ des musiques actuelles. Ce sont les groupes locaux Cotton Claw et nÄo qui ont été sélectionnés. Le 17 septembre, la Rodia faisait le point sur le dispositif et les bénéfices qu’ont pu en tirer les deux groupes. Jean Louis Fousseret , président du CA de la Rodia, revient sur cet année d’accompagnement.
J.L. F : Nous avions envie de faire le point avec vous sur les dispositifs d’accompagnement de jeunes artistes mis en place par la Rodia. Les musiques actuelles sont devenues un mouvement très important et nous avons eu envie d’accompagner les jeunes artistes locaux pour leurs permettent d’émerger sur la scène française. En effet, la Rodia, scène de musique actuelle de la région, a choisi de mettre en place des accompagnements personnalisés, ciblés, par rapport à des groupes. Les établissements publics ne peuvent pas ne pas prendre en compte surtout quand elle est locale et régionale. Nous n’intervenons pas dans le management du groupe ni dans la gestion de sa carrière ou de ses projets artistiques. Mais ce dispositif est là pour donner des appuis à un moment donné, en fonction de nos connaissances du milieu, en fonction des équipements dont on dispose pour accompagner les groupe un bout de chemin.
On a la chance d’avoir une région qui est un vivier de création. Vous savez peut-être ou je vous l’apprends, que Besançon est une des villes de France qui compte le plus de groupes au m2. On a recensé pour cette bonne ville 250 groupes. Par groupe on entend seulement ceux qui on au moins un ans d’existence. Et la Franche-comté en compte 770. Tous ces groupes participent à la bonne tenue de notre beau pays, à sa vivacité et à ses belles couleurs. Nous avons souhaité nous impliquer en s’intéressant à des groupes émergents, pré-pro. En lesquels on croit et sur lesquels on mise. Des groupes que nous avons choisi d’accompagner. Je vais laisser Philippe qui est coordinateur de pôle, vous parler un peu de tout ça.
Philippe Angelot : Nous avons donc choisi de mettre en place ce programme d’accompagnement à partir de 2013 pour les groupes nÄo et Cotton Claw. En réfléchissant sur la durée, nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’un an était trop court, nous avons donc opté pour un accompagnement de deux ans afin de permettre aux projets artistiques de se développer et de se structurer aussi. On a essayer de les aider sur la mise en réseau, des conseils en stratégie, en structuration. Nous sommes également un lieu qui permet d’approfondir le travail scénique. De plus nous avons mis du matériel à leurs disposions afin de leurs permettre de booster leurs créations. Näo était en résidence toute la journée et propose ce soir une présentation de son travail et Cotton Claw termine un filage technique en vue de sa tournée sur l’île de la réunion. La Rodia n’est donc pas uniquement un lieu de concert, c’est aussi un lieu de travail.
On a été leur support au niveau de la communication : aide à la réalisation de plaquettes, sites internet diffusion sur les réseaux sociaux… Nous avons également eu des mécènes, ce qui a permis aussi de faire la promotion de ses groupes. On les a régulièrement programmé et on leurs a apporté une aide financière pour la production de leurs disques, ce qui a permis de diminuer le prix de vente de leur album. Nous avons également aidé les groupes dans leurs recherches de partenariat, avec la DRAC, avec le Conseil régional, avec le dispositif Iceberg aussi. Donc chacun mette sa pierre à l’édifice de manière à pouvoir concentrer les moyens à un moment donné pour faire décoller le groupe. Car c’es à ce moment là que les groupes sont les plus fragiles, lorsqu’il décide de franchir le pas de la professionnalisation. Au bout de deux ans, c’est l’occasion de faire un point sur l’accompagnement de chaque groupe. Laissons la parole aux artistes.
Näo : On a eu la possibilité de monter un véritable spectacle à la Rodia. En effet, on a bénéficié de plusieurs périodes de résidence, ce qui nous a entre autre permis de travailler l’aspect scénographique. Ce qu’on a beaucoup apprécié et qui nous indéniablement aidé, c’est aussi le fait que les démarches administratives étaient assez simples comparées à ce qu’il faut parfois mettre en œuvre pour arriver à avoir un lieu de travail.
Cotton Claw : Nous avons en résidence ici en 2012. C’était véritablement notre lieu de création puisque, faisant de l’électro house en direct, nous avons besoin de pas mal de matériel, avec un agencement assez complexe. Un studio était donc nécessaire pour nous permettre d’effectuer un travail régulier. Par conséquent la Rodia nous a été d’un grand secours, notamment pour la composition de notre 1er disque sorti cette année.
Intrigué par l’expérience Coton Claw, réunion de quatre producteurs de musique électronique : Lilea Narrative, Zo aka la Chauve-souris, YoggyOne et Zerolex, nous leur en avons demandé un peu plus sur leur étrange expérience live.
SR : Ce qui m’a frappé dans votre intervention c’est que vous faites de l’électro, mais que vous jouez tout en direct. Concrètement comment ça se passe ?
C.C : Le parti-pris du groupe est de tout est joué en live. Aucunes des séquences que vous entendez sur scène n’a été préenregistrés à l’avance. Les sons sont réalisées sur pads, directement sur scène. Ça fait à la fois la force et la fragilité du groupe, et ça renforce la magie du live en cela que chaque live est unique. Concrètement on travaille nos morceaux à l’avance, et on les rejoue, comme n’importe quel groupes de rock le ferait avec ses productions.
SR : Ça donne un aspect performatif à électro finalement ?
C.C : Complètement. Il y a un feeling, une prise de risque et je pense que le public le ressent. On joue des pads comme d’un instrument. Comme un guitariste de la guitare, en direct. Donc une personne va faire la batterie, une autre les samples, la base, la mélodie synthé et cela varie d’un morceau à l’autre. On a pas de poste assigné. C’était le leitmotiv du projet dés le début, que chacun puisse jouer de tout.
Après on travaillle aussi avec des synthés analogiques et des logiciels musicaux, c’est juste notre manière d’interpréter les morceaux sur scène qui change. La démarche est la même que celle d’un vrai groupe. On travaille chez nous, avec des grilles d’accord, on se retrouve pour se faire écouter, ou on s’envoie ça par internet. Et nous, nous avons la possibilité d’enregistrer nos compositions de manière simple et rapide.
SR : Quel sont les retours que vous avez put avoir de votre public justement sur cette manière novatrice d’aborder l’électro ?
C.C : Notre public est très jeune. Après ça parle forcément aux initiés. Je pense qu’il y a une dynamique aussi qui plaît. Ce côté groupe justement. Et qu’il y a un aspect visuel également. Les gens voient bien que nous sommes en train de jouer en live, ça crée un effet de surprise, de l’engouement aussi parfois.
SR : Vous aller sortir un premier album début 2015. Qu’est ce que vous pouvez déjà nous en dire ?
C.C : Nous sommes actuellement en pleine création. Ce qu’on peut vous dire c’est que cette fois nous l’avons conçu en studio. Le fait d’être en résidence ici à la Rodia nous a beaucoup aidé. Le premier disque avaient été pensé avant tout pour le Live, on avait envie de quelque chose d’encore plus construit et minutieux. Pour ce qui est du son, on s’inscrit dans quelque chose de plus électronique, on abandonne un peu les samples. Parce qu’on voudrait vraiment mettre côté l’aspect hip-hop pour venir plutôt puiser dans une veine plus électro house. Avec cet album, on essaye de renforcer l’identité de Cotton Claw. Grâce à l’opération Iceberg on a pu monter un petit show-light. On a rencontré Cyril Catala, régisseur lumière, qu’on considère vraiment comme le cinquième membre du groupe. Il joue des lumières comme on joue des pads, en direct.
Propos recueillis par Justine L.
Photo de G. Canva, www.guillaumecanva.net
Photo Cotton Claw live : DR.