En cette fin d’été maussade, le Cabaret Vert, festival situé en Champagne-Ardennes, fêtait ses 10 ans d’aventures musicales. Et quelle fiesta pour cet anniversaire ! Une programmation exceptionnelle incluant pas moins de 51 groupes de tout genre : rock, électro, soul music ou encore hip-hop en provenance de France, du Royaume-Uni, des États-Unis, d’Australie et d’Afrique du Sud. En bref, une affiche très éclectique et internationale avec de vraies découvertes.
Le Cabaret Vert c’est aussi : deux scènes, Zanzibar se trouvant sur le stade Bayard (terrain de foot de Charleville-Mézières) et sur laquelle sont présentés les groupes expérimentés et, Les Illuminations se trouvant sur la plaine de la Macérienne, rendez-vous des groupes en devenir ; une dizaine de buvettes à thème (pour exemple, « Le Bateau Ivre » sert des bières belges, « Le Temps des Cerises », des bières ardennaises) ; des dizaines de stands de restauration avec chacun sa spécialité culinaire ; mais aussi un salon de la BD, la présentation de courts métrages, un village associatif, des arts de rue… un festival militant écolo, où si vous n’aimez pas la musique, vous trouverez toujours de quoi vous occuper.
Deux annulations avaient été annoncées avant le festival : celle de Gaétan Roussel, remplacé dès l’annonce par Patrice, et quelques jours avant le début des festivités, celle de Volbeat, regretté par beaucoup de festivaliers et remplacé le premier jour par TriggerFinger, groupe chaleureusement accueilli par le public.
Au cours de cette première journée, de nombreux groupes bien connus du grand public ont été programmés. Le calendrier musical étant très vaste, j’ai choisi de vous présenter les temps forts de cet événement et mes artistes « coups de cœur ».
Le premier sur ma liste est -M-. Mathieu Chedid nous balance un show fantastique avec une scénographie bien rôdée et la recette fonctionne : danseur, lumières à l’effigie de ses incroyables lunettes papillon, costumes très stylés,… impressionnent toujours autant. L’avant-dernière date de cette tournée française(débutée il y a maintenant deux ans) est un véritable succès.
Les Américains de Red Fang présentent un concert stoner bien musclé. Le public est enragé et enchaîne les pogos, slams et headbangs : un nuage de poussière s’élève au-dessus du sol jusque devant la scène.
Die Antwoord font leur entrée sur scène affublés de costumes oranges serigraphiés à leur nom. Mais ces derniers se dévêtissent très vite pour laisser place à un spectacle détonnant : on y voit Ninja se lancer dans un slam depuis l’avancée de la scène, on y entend des sons électro hip-hop repris par le public, ainsi qu’une foule en délire effectuant une multitude de sauts lorsque le« Jump Motherfucker Jump »du titre I Fink U Freeky retentit.
Marmozets, jeune groupe math rock composé de cinq membres, nous arrive tout droit du Royaume Uni. Leur premier album The Weird and WonderfulMarmozets, signé Roadrunners Records, sortira fin septembre. Leur prestation est donc attendue par une bonne partie des festivaliers. Becca Macintyre nous délivre un chant puissant, révolté, qui traduit à merveille l’énergie bestiale du groupe proche du post punk hardcore. Un groupe en devenir à suivre dans les prochaines années.
Le temps pluvieux ayant eu raison de ma motivation aux Eurockéennes en 2012, je finis par découvrir Murkage et son hip-hop ravageur : les trois chanteurs occupent pleinement l’espace scénique et transmettent rapidement leur fougue aux festivaliers. Dès leur entrée, une ambiance électrique se propage et ils démontrent leur capacité à livrer un live digne de groupes plus expérimentés.
Alors qu’ils n’en sont plus à leur coup d’essai, Editors fût une première pour ma part et je ressors heureux d’avoir enfin pu les voir et les entendreen live (depuis le temps que l’on m’en parle !). Ce style rock qui leur est propre et le chant grave et caverneux de Tom Smith ont vite envoûté un public venu en nombre ce soir-là pour voir ce groupe mythique.
Redoutable et imposant, The Prodigy enchaîne les morceaux : Poison, Voodoo People, Firestarter, Invaders Must Die ou encore Their Law survoltent les festivaliers. La fosse se transforme en un pogo géant éclairé par des lumières stroboscopiques. Tandis que Keith Flint, déchaîné, captive la foule avec ses mouvements saccadés et frénétiques, Rob Holliday, pointe sa guitare vers le haut au rythme des sons électroniques.
Airbourne fait une entrée explosive en demandant au public s’il souhaite écouter du rock’n’roll, et c’est bien ce que ce groupe de hard rock australien nous présente avec grand fracas. Le leader charismatique Joel O’Keeffe n’hésite pas à emprunter les épaules d’un festivalier pour se faire porter à quelques mètres de la scène, jusqu’à l’espace handicapé et offrir ensuite son médiator à un enfant avant de retrouver sa place initiale. Bref, un grand show par un groupe que j’affectionne tout particulièrement.
Appelé à se produire au festival à la dernière minute, le groupe belge Triggerfinger, nous a conquis tant par sa prestation scénique que par son rock stoner d’un genre classieux. Les trois membres du groupe d’une élégance dandyesque ont répondu aux attentes du public en nous délivrant les titres de leur dernier albumBy Absence of the Sun de façon énergique et expressive. La déception liée à l’annulation de Volbeat s’est vite dissipée face à ce groupe hors pair.
Thee Oh Sees, groupe de rock garage psyché se compose de quatre membres mais trois seulement étaient présents lors du festival (on notera l’absence de la claviériste) : un bassiste en pleine immersion dans son univers, un guitariste complètement « crust » et mal fringué portant son instrument sous les aisselles et un batteur, la réunion de ces trois-là prodiguent une belle palette d’effets sonores. Programmé à l’ouverture du dimanche, Thee Oh Sees n’a malheureusement pas eu le public qu’il méritait mais à au moins eu le mérite de réveiller les festivaliers à grands coups de rock’n’roll.
La foule a répondu présente devant le live des Anglais de Kaiser Chiefs, qui outre les titres de leur dernier album, nous ont fait le plaisir de jouer Everyday I Love You Less and Less, Na NaNaNaNaa et Ruby issus de leurs deux premiers albums. L’ambiance est à son comble en cette fin de festival, spécialement lorsque Ricky Wilson décide de grimper à la structure de la scène et de se percher à plus de 7 m du plateau (frissons garantis !).
Pour conclure, les 10 ans du festival ont été marqués par un record d’affluence (94 000 entrées selon les organisateurs). On tire une grande satisfaction de ces 4 jours pour avoir découvert ou redécouvert une multitude d’artistes, jeunes ou expérimentés qui ont su nous procurer du divertissement et toute sorte d’émotion.
Merci à l’organisation pour tout le travail effectué et l’accueil infaillible.
Texte et photographies ©TriDiM par DuFF – www.tridim25.com