Pour cette seconde journée marquée par une programmation métal, huit groupes dont cinq originaires de Suisse vont se succéder entre 18h30 et 3h00. Dès notre arrivée sur le site, nous sommes marqués par l’affluence beaucoup plus importante que la veille des festivaliers (environ 2400 personnes selon les organisateurs). De nouveau, nous arrivons aux environs de 21h, après les concerts de Herod, Kruger et Impure Wilhelmina mais tout juste pour le début de Converge, une des principales têtes d’affiche de cette soirée métal.
Attendus depuis quatre ans par les organisateurs, les quatre membres du groupe Converge en provenance de Boston jouissent d’une réputation qui n’est plus à faire dans le milieu du métal hardcore. Dès l’envoi des premiers décibels, la foule se presse massivement devant la scène, pour venir écouter les morceaux de leur huitième albumAll We Love WeLeaveBehind, sorti fin 2012. Le chant puissant et brutal de Jacob Bannon retentit et se répand sur l’ensemble du festival. S’en suit une déferlante de sauts, mouvements saccadés, headbangs, allers et retours ininterrompus sur la scène durant tout le concert. Le groupe dégage une redoutable énergie, bien rendue par l’assistance. Les titres s’enchaînent entre un violent Trespasses et un All We Love WeLeaveBehind écorché vif.
En arrivant dans la Tent Stage, nous constatons la présence d’une multitude de personnes déjà réunie devant la scène à écouter les balances de Red Fang. Le deuxième groupe américain de la soirée a déjà conquis le public par ses précédents albums Red Fang (2009) et Murder the Mountains (2011) et ne fait que confirmer sa popularité avecWhales and Leeches sorti en 2013. Avant même que le concert ait débuté, les festivaliers montrent leur empressement en incitant le groupe à continuer à jouer durant les derniers ajustements, puis leur nom est scandé : le groupe de heavy rock/stoner est définitivement attendu (nous devons avouer que nous étions assez excités à l’idée de les revoir). Les premiers riffs sont balancés, la Tent Stage est pleine à craquer, le public ultra motivé se déchaîne dès les premières notes. La voix caverneuse de Bryan Giles vibre sur No Hope et Failure et fait écho à celle d’Aaron Beam sur 1516 : une complémentarité vocale qui s’accorde merveilleusement. Red Fang exalte son audience : headbangs, pogos, crowdsurfings, signes des cornes, tout y est et ne s’achèvera qu’au moment où la scène se sera éteinte. Devant un tel engouement, le groupe n’hésite pas à enchaîner des morceaux de leurs albums précédents tels que Prehistoric Dog ou Malverde.
Du son plein les oreilles, nous avons à peine le temps de regagner la Main Stage que déjà les premiers accords de Down se font entendre. Autre tête d’affiche du festival, les cinq membres du groupe n’en sont pas à leur premier coup d’essai. Phil Anselmo (ex-Panthera), Pepper Keenan (Corrosion of Conformity), Bobby Landgraf (Honky), Patrick Bruders (ex-Goatwhore) et Jimmy Bower (Eyehategod, Crowbar) se sont réunis pour nous livrer une session sludge/stoner/heavy/doommetal et interpréter les titres de leurs deux derniers EPs (deux premiers volets d’une série de quatre albums), Down IV Part I (2012) et Down IV Part II (2014). Il est certain que ce sont de véritables bêtes de scène : on reste accroché au regard hypnotique et la longue barbe blanche de Bobby Landgraf durant ses solos, on sourit devant les doigts d’honneur de Phil Anselmo et on apprécie la fougue de l’ensemble du groupe. Petite fantaisie du leader qui après avoir dégoté un balai de paille ou plus exactement un « balai de sorcière » (probablement en backstage) annonce le prochain morceau Witchtripper en balayant la scène (oui Phil Anselmo sait aussi passer le balai !).
Nous clôturons notre vendredi par le concert de Kunz, groupe suisse composé de Louis Jucker (basse, guitare, chant) et Luc Hess (batterie), anciens membres du collectif The Ocean. Le duo basse-batterie est efficace et nous gratifie d’un noise rock bien enragé. Le public est moins abondant dans cette deuxième partie de soirée mais bien éveillé tant la vivacité des deux artistes réveillerait un mort. Après une demie douzaine de morceaux lancés sauvagement à la foule, ô surprise !
Aaron Beam fait son apparition sur scène munie de sa basse. Parce qu’en réalité (et ça n’était pas annoncé dans le progamme), les deux membres de Kunz se sont associés à Aaron Beam (chant, basse) et John Sherman (batterie) de Red Fang pour créer une formation assez originale basée sur un doublé chant-basse-batterie nommé RedKunz. De cette association naît un EP Teeth, Hair& Skin qui sort aujourd’hui même. Rejoint par John Sherman sur les trois derniers morceaux, la formation enchaîne les cinq nouveaux titres en toute complicité pour notre plus grand bonheur. Un vrai régal !
Pour cette neuvième édition, le Rock Altitude nous a offert une belle programmation bien rock’n’roll. On a apprécié la totalité des groupes invités et on adore recevoir des petites surprises de dernière minute comme le concert des RedKunz.
Vivement l’année prochaine !
Texte : Marie Gillet
Photographies : © TriDiM par Duff – www.tridim25.com