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TELEMAN, Breakfast

Moshi moshi / 2014

Cette voix-là, on l’avait déjà entendue quelque part. Ca ne vous dit rien ? Et si on vous dit Pete & The Pirates, c’est mieux ? Trois ans après la sortie de leur dernier album One Thousand Pictures, trois des membres du groupe de rock Pete And The Pirates ont décidé d’emprunter une nouvelle trajectoire musicale. Nommé Teleman d’après le compositeur baroque du même nom, ce nouveau groupe toujours mené par Thomas Sanders a choisi de reprendre la mer avec une esthétique beaucoup plus synthpop et moins garage, optant pour un son plus propre, léché. Une évolution naturelle vers un univers lumineux, pop et entraînant qui s’avère redoutablement efficace.
Si Jonny Sanders a passé sa batterie à une nouvelle recrue, Hiro Amamiya, pour se consacrer aux synthétiseurs, la basse est toujours tenue par Pete Cattermoul.  Et tout va mieux pour eux. Preuve en est avec un brillant premier album : Breakfast sortie le 2 juin.
Une longue note de synthé retenti outre manche. C’est l’appel à lever l’ancre de Jonny Sanders qui s’est improvisé claviériste pour son nouveau groupe. Et ça marche : on embarque volontiers sur le beau bateur des Teleman, pirates et flibustiers devenus marins impeccables.
Leur navire à fier allure avec comme figure de proue et première danse : Cristina, un prénom de femme que même les sirènes ont à envier tant la voix de Thomas le sublime. Dans cette première chanson de Breakfast qui n’est autre qu’un plaidoyer pour Teleman  il chante « je reviens là ou j’ai commencé, je n’ai jamais voulu être un mauvais garçon. », et lance une invitation au voyage à son auditoire :«  revenez et allumez les lumières […] Allongez vous et écoutez la musique ».
Le ton est donné : avec Breakfast, Teleman entend nous reconquérir, mais par la manière douce cette fois, en susurrant à nos oreilles les douces mélopées d’un océan ou le synthé est roi.Après une étape très naïve nommée  In Your Fur, qui est presque trop gentille avec ses arpèges de sons 8bit et ses chœurs très faciles le groupe nous montre de quoi il était capable avec Steam Train Girl.
La rythmique jouée au pad et la présence de vocodeur prouve que le groupe a décidé de rompre avec le garage et l’électrique. le titre est suivi par l’excellent 23 Floors Up. 4 minutes de pur bonheur auditif où le tempo lent nous laisse profiter de chaque instant. Quelque part entre David Bowie et les Broken Bells, cette chanson grandiose révèle des talents d’écriture impressionnants. Un martellement sourd de tome basse soutient le chanteur plus inspiré que jamais, dont la voix claire égrène l’impeccable mélodie du couplet qui débouche sur un refrain magnifique et agrémenté de nappes de violons. Aucun temps mort, rien d’inutile, l’essentiel est immédiatement atteint et la longueur de la chanson ne permet pas de s’appesantir sur du remplissage.
Le groupe cultive une certaine passion du kitsch, Monday Morning en est un bon exemple : le couplet sombre et dépouillé qui est construit sur une ligne de synthé new wave et une guitare toujours aussi retenue est vite relayé par un refrain atmosphérique et fleur bleue. Teleman jouent à foison sur les transitions majeur/mineur pour alterner les humeurs, allant de la dépression à l’euphorie.
L’écriture est parfaitement maîtrisée sur toutes les pistes de l’album, lesquelles parviennent à se démarquer avec évidence les unes des autres. Sur Skeleton Dance, le tempo est accéléré et le groupe balance un petit bijou de pop ensoleillé : une descente de guitare entêtante, un refrain qui n’a besoin que d’une fois pour se faire adopter, et une exigence de composition qui n’est manifestement jamais altérée.
L’éclat mélodique de 23 Floors Up trouve son pendant positif avec Mainline, vibratos de synthétiseur et guitar slide en plus. Le refrain détone de joie et transpire le bonheur de jouer.
C’est sur une mer sans vague que Telemen nous offre Lady Low,une ballade british très tranquille, guitare acoustique et piano à l’appui. Un saxophone s’y noie sous l’écho. Le volet « douces romances » perdure le temps d’un autre morceau paisible et soigné  Redhead Saturday.Plus fragile que jamais, la voix de Thomas Sanders trouve sa place au côté d’un clavier au son éculé, le tout s’achevant dans un déluge de chœurs et de vocalises puissantes. Chaque effet donne l’impression d’avoir été consciencieusement étudié, pesé et dosé pour aboutir à ce qui ressemble à un hommage non dissimulé à la pop de la fin des années 1960.
La clôture de l’album, Travel Song, est scindée en deux grands passages totalement distincts.La première partie de cette Travel Song  est à l’image de l’album : joyeuse, portée par les synthétiseurs et sublimée par les voix de Sanders. Quelques secondes de blanc plus tard, une chanson cachée très électrique renoue avec le passé du groupe.
Teleman démarre donc en force. Visiblement inspirés par Django Django ou Alt-J, le quatuor anglais forme un groupe à la pop joyeuse et pétillante. La formation emmenée par Thomas Sanders, rayonne et compose des morceaux dynamiques et accrocheurs qui forment des titres convaincants dès les premières notes. On retrouve des sonorités complexes et un son plus travaillé qu’avec Pete & The Pirates. Musicalement, les deux groupes sont totalement différents et Teleman semblent avoir opté pour le bon choix de la pop moderne bien maîtrisée. Breakfast est un bon départ. Et on a pas envie de voir la fin.
Si vous embarquez pour Cristina c’est ci-dessous.

Par Justine L’habitant – Graph-fém.fr
Pour Sensationsrock.net

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