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CHRISTINE AND THE QUEENS, Chaleur Humaine

Because/Warner/2014

Attention, ça brûle. Christine arrive comme un soleil torride et langoureux pour qu’explose le baromètre de la scène française. 2013 et 2014 seront décidément des années clefs du renouvellement de la scène hexagonale.
Chaleur humaine, chaleur de dance-floor qui sierra tout autant aux fins de soirée nébuleuses. Christine and the Queens, c’est une seule personne dotée de dizaines de talents. Christine écrit, compose, chante, danse, réfléchit, susurre, oscille entre anglais et français. Décomplexée, en dehors de toute case, en dehors de tout genre. Ni rock, ni pop, ni hip-hop, ni chanson française. Des beats R&B -on croyait le R&B vulgaire et révolu, enterré depuis les hits des années 2000. Christine nous prouve avec maestria qu’on a tort en le réactualisant, en le faisant vibrer par une noirceur jusque là inédite. Des paroles en suspension, une pose d’icône, de reine. Sa voix retentit tel un instrument qui apporte une ligne mélodique supplémentaire, des chuchotements sur Christine, une intonation à la Camille dans Science fiction, par cette façon si spéciale de retenir le souffle avant de le propulser. Sur Saint Claude, ce sont des échos en fin de phrase qui apportent la langueur. Des guitares saturées par là, des violons qui chavirent sur Here. Elle a cette aspiration du show total qui assure sur tous les fronts. Admirant Beyoncé, sa façon de bouger (voir absolument le clip de Saint Claude) se réfère sans conteste à Michael Jackson. Cet album a été conçu en écoutant Drake, le nouveau prince du hip-hop ténébreux. Les références sont identifiables et assumées.
Sans offense, Christine nous fait penser à la Mylène Farmer des débuts, par son utilisation modulable de la voix, ses aspirations androgynes, sa présence discrète et chorégraphiée . « Un monde où je peux le dire / sans contrefaçon je suis un garçon » ; « Défie l’ordinaire / C’est à ma façon /Si je ne veux pas être une grande fille / Je serai un petit garçon » : ces deux citations auraient pu provenir de la même tête pensante. Déconstruire la femme au profit d’une identité polymorphe. Elle est la multiplicité. Christine et les reines ? Christine EST les reines.

-Clémence Mesnier

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