Fausse idée du jour : croire qu’il y aura moins de monde sur la route un soir de match de l’équipe de France de football en Coupe du Monde et un soir d’Independence Day est totalement faux. Même si de notre côté de l’Atlantique je ne comptais pas trop sur la deuxième proposition, je misais beaucoup sur la première pour faire le chemin à peu près tranquillement pour rallier la presqu’ile du Malsaucy. Résultat: 2h45 pour effectuer le trajet entre la capitale franc-comtoise et la grande scène des Eurocks. Donc, si on peut donner quelques conseils pour rendre le voyage meilleur : armez vous de courage, prévoyez une bonne sélection de disques et si vous voyagez à plusieurs : n’oubliez pas votre déodorant.
Un retard qui m’empêche de voir la première moitié de Reignwolf et qui en voyant la seconde me fait encore plus rager. Car le blues brut de Jason Cook est certainement ce qui ce fait de mieux en la matière en ce moment. Et n’allez pas croire que la Grande Scène est justement trop grande pour un seul homme (+ 2 sur la fin du set) : le son prend toute sa dimension et lance le ton de cette nouvelle édition du festival. Temples et son rock psyché n’est pas en reste du côté de la plage mais les avoir programmés aussi tôt et qui plus est en même temps que le Canadien est une erreur dommageable. Direction ensuite la Green Room où nous attend Findlay. Le jeune femme avait déjà fait parler d’elle à l’automne dernier aux Passagers du Zinc de Besançon. Et il en est de même ce soir. Remerciant son public de ne pas être devant le match, elle balance son rock garage, parfois teinté de pop avec un charme désarmant. Malheureusement la première grosse tête d’affiche va prendre place sur la Grande Scène et je dois quitter l’Écossaise pour rejoindre les légendaires Pixies.
C’est le moment que choisit la pluie pour faire son apparition. Mais les festivaliers sont des gens prévoyants et les bottes sont de sortie, et en voyant le même modèle sur de nombreux pieds, on se dit qu’une grande enseigne d’équipement sportif a fait un bon chiffre d’affaire ces derniers jours. Mention spéciale à ceux qui ont choisi le modèle rouge, Ted Mosby’s style!
Le groupe de Frank Black arrive donc sur scène, salue rapidement le public, joue ses titres et puis s’en va. Oui c’est certes un peu rapide comme résumé mais c’est la sensation qu’on a à la fin du show. Alors oui, on adore entendre Here Comes Your Man, Wave Of Mutilation, Monkey Gone To Heaven, Where Is My Mind. Mais on est presque étonné de n’entendre que quatre morceaux de Indie Cindy. Et même si on sait que ça toujours été comme ça avec les Pixies, la nonchalance parfois c’est chiant et un petit “Thank You” entre les titres ça tue personne. Bref, on est content, on a vu un groupe mythique mais voilà c’est tout. En parlant de mythique, les vrais légendes vont prendre place sur la plage où me rejoignent mes compagnons qui eux ont mis 3h30 pour faire le même chemin que moi, avec de beaux délais d’attente au niveau des grilles d’entrée, délais dont les raisons semblent encore obscures…
Excellente idée d’avoir convié le Daptone Super Soul Revue ce vendredi, et d’avoir choisi la scène de la Plage pour les accueillir. 30 musiciens qui vont se relayer pendant 2h30 pour faire vivre l’âme de la soul américaine, la vraie, inégalable et menée par deux artistes légendaires. Le duo Saun et Starr – également choristes pour la soirée – ouvre donc la revue. Deux voix puissantes qui donne d’entrée la couleur de ce que sera le show, qui vibre une véritablement une première fois quand arrive sur scène l’immense Charles Bradley. Dans un superbe ensemble rouge à rendre Elvis jaloux, il crache tous ces poumons pour ses titres qui parlent d’amour bien sûr mais que seules des personnes comme Bradley savent vraiment faire vivre. Bras en croix, il terminera sa prestation en allant prendre un bain de foule. Et ça mec, c’est pas des conneries. L’ afro-funk de Antibalas fait ensuite la liaison avec l’entrée sur scène de la survivante Sharon Jones. Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. Ce proverbe semble avoir été écrit pour Sharon Jones, elle qui a combattu un cancer et qui sur scène chante sans s’économiser, comme si c’était le dernier soir. Accompagnée par des DapKings énormes, elle clôt le show comme une véritable reine de la musique soul et on n’a très bien compris que la “Retreat“, ce n’était pas pour elle. L’ensemble de la troupe Daptone revient sur scène pour conclure ces 2h30 magiques.
Un petit détour pour voir Détroit, mais un petit seulement. Certains aiment, nous on s’ennuie. Et après la claque reçue précédemment, c’est presque normal. On préfère donc rejoindre le parking avec le toujours très grand bonheur de faire la route serrés dans une navette avec des festivaliers à l’haleine fétide chargée en alcool, ce type de personne venue pour se cuiter et bien incapable de dire quels concerts elle a vu (en même temps elle était pas venue pour ça). C’est peut-être des paroles de vieux cons certes, mais des vieux cons qui auront bien vibré sous les cuivres de la soul américaine.
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