Blue Castle Records/Warner/2014
A 73 ans, David Crosby est de retour. Un retour inattendu du musicien dont la dernière production remonte à 20 ans et un Thousand Roads qui ne restera pas gravé au panthéon des roublards de Laurel Canyon. Seul Jonathan Wilson semble avoir toujours cru en Crosby, lui qui l’a invité en compagnie de son éternel compagnon Graham Nash sur son indispensable Fanfare.
Et à l’écoute de Cecil Taylor, on se dit qu’on avait un peu trop vite enterré notre moustachu. Car David Crosby fait bien office de revenant (et de survivant aussi). Une carrière truffée de conneries en tout genre, de séjours en taule, de consommation de stupéfiants – certains connus de lui seul – qui auront certainement fait que celui-ci n’aura jamais eu la carrière qu’il méritait. Car à l’époque du CSNY, il avait su se faire remarquer du groupe par un If I Could Only Remember My Name voué à devenir un classique de la scène californienne du début des 70’s. Qu’en reste-t-il alors maintenant dans ce 21ème siècle bien entâmé ? David Crosby y fait un peu figure d’anachronisme, comme au passage la pochette de ce nouveau LP très incertaine voire de mauvais goût. Mais sans bien sûr arriver à la hauteur de son album mythique, Croz remet à flôt ce grand amateur de voile. Composées avec son fils James Raymond, les 11 pistes naviguent entre soft-rock (Time I Have) et folk (Holding On To Nothing) , dans lesquels on décèle toujours cette ambiance west coast hippie des 70’s (The Clearing). Malgré ses déboires et problèmes de santé, David Crosby n’a pas perdu de sa voix, cette marque de fabrique maitresse des harmonies vocales (parfaite Set That Baggage Down, comme échappée de CSN).
Sans arriver à la perfection, ce retour offre s’il en est des compositions de haut vol (What’s Broken avec la visite de Mark Knopfler, la très moderne Dangerous Night).
En espèrant qu’elle ne soit pas une oeuvre testamentaire, Croz voit le renaissance d’un artiste apaisé, qui semble avoir enfin laissé ses démons derrière lui.
