Light In The Attic/2014
Mark Lanegan. Leader des Screaming Trees, groupe phare de la scène de Seattle du début des nineties, le chanteur ne s’est pour autant jamais contenté de ce seul band pour explorer les territoires musicaux. Invité de marque du supergroupe devenu éphèmère par la force des évènements Mad Season, vacataire chez les Queens Of The Stone Age ou encore formant un duo magique avec l’ex-Belle & Sebastian Isobel Campbell, sans omettre The Gutters Twins avec Greg Dulli, l’oisiveté est un luxe que le natif d’Ellensburg se refuse.
Notre homme est hyperactif et il mène parallèlement à tous ces projets une carrière solo que cette anthologie permet de (re)découvrir. Sa voix grave, qui témoignent des longues heures à siroter du bourbon et à fumer des cigarettes sans filtre, est une marque de fabrique et elle se marie à merveille avec la multitude d’univers que Lanegan a exploré, depuis The Winding Sheets jusqu’au plus récent Imitations. Cette compilation se concentre sur la période qui part de son premier album chez Sub Pop pour s’arrêter juste avant Blues Funeral. Ni plus ni moins qu’une trentaine de morceaux, tirés des albums ou inédits, permettant ainsi de séduire autant les fans d’hier que ceux qui voudraient le découvrir sur le tard.
La musique de Mark Lanegan navigue entre le blues et le folk, se fait sombre et pesante. Le tout s’écoute posée, au moment où la nuit se lève. Sa voix grave porte à elle seule les morceaux (Mirrored), se fait cousine de Tom Waits (Leaving New River Blues) et fait des miracles dans les spoken words (Lexington Slow Down). Mais le leader des Screaming Trees multiplient les influences et ambiances, ce qui fait que fait que Has God Seen My Shadow? se révèle avec délectation à chaque écoute. On passe ainsi des accents country de Carnival et Shiloh Town à une ballade noire dans la chaleur andalouse (indispensable One Way Street). Le chanteur se transforme en crooner avec Phil Hill Serenade et fait les yeux doux à PJ Harvey sur Come To Me.
Parfois proche de l’univers des combos qui l’ont révélé (Mockingbirds pour les Screaming Trees, Kimiko’s Dream House pour Mad Season), le répertoire de Mark Lanegan est large et semble ne pas avoir de limite. Loin des best of commerciaux bâteau, cette anthologie devient une pièce indispensable de l’oeuvre du chanteur, qui lui même est déjà un personnage majeur du rock indé de ses 20 dernières années.