Domino Records/2013
Après une premier essai salué quasi unanimement par la critique, Anna Calvi est de retour pour le difficile exercice du second album.
Un second disque grandement attendu, c’est un peu comme reprendre une relation amoureuse, après s’être quittés en bons termes. Deux ans sans se voir mais en gardant un excellent souvenir, une envie de recommencer. On se souvient d’une beauté froide et envoûtante, des yeux dans lesquels on se noyaient. Il suffit de quelques minutes et on se dit que tout est comme avant, que c’est toujours aussi bon, que la voix est toujours aussi grave et le jeu de guitare aérien et dans un style à la Jeff Buckley toujours présente (Suddenly, Eliza). Puis petit à petit, on se rend compte que des choses ont changé. D’abord en douceur, un son un peu plus cristallin mais avec une guitare qui vire noise (Piece By Piece). Puis on sent que la personne en face de nous a évolué, comme nous, mais dans des directions différentes. Le ton se fait plus expérimental, tout éclate et part en morceau (Cry). Par moment, on retrouve ce qui avait fait notre bonheur quand tout allait bien, quand la grandiloquence à la Morricone s’invitait pour des compostions en forme de film (magnifique Sing To Me et One Breath) ou quand elle nous fait penser à une ancienne conquête (Love Of My Life où l’aura de la jeune PJ Harvey plâne). Puis la nouvelle Anna reprend le dessus, une distance s’installe et tout cela devient éprouvant (The Bridge). On a du mal à arriver au bout. On s’aime toujours mais plus de la même manière. Il nous faudra du temps, peut-être vaut-il mieux en rester là pour l’instant et qui sait, un autre avenir s’ouvrira à nous.