J’avais quitté Cali une année d’élection présidentielle, après une prestation loupée, au bord de l’autoparodie, dans un festival à scander des “oh oh” dans un microphone. Les pérégrinations de la truite m’ont peu intéressé. Puis voilà, une discrétion médiatique et un dernier album Vernet-Les-Bains séduisant, je me laisse tenter par la curiosité de retourner voir le Perpignanais dans un contexte autre que les Zéniths ou autres Eurockéennes.
Un premier constat, la grande salle de la SMAC n’est pas pleine. Etrange quand on pense qu’il y a 5 ans à peine tous les artistes qu’on avait estampillé “nouvelle scène française” semblent dorénavant aux oubliettes. Mais c’est peut être un mal pour un bien. Le public est composé principalement soit de groupes de filles venues entre copines, soit de mecs qui accompagnent leurs copines. Et là je me rends compte que les trois dernières fois où je suis allé voir Bruno Caliciuri, j’étais accompagné d’une personne de la gente féminine. Bref, je réfléchirai à ça plus tard…
Cali a du goût. En témoigne Atlantic City de Springsteen qui sert d’intro au show, un titre guitare/harmonica dont on comprend mieux le choix une fois que le chanteur pénètre sur scène avec ses deux mêmes instruments pour entâmer L’Amour Fou. L’amour qui est le grand thème de la soirée. La setlist plutôt bien ficelée enchaine les titres évocateurs des amours déchus (Elle M’a Dit, Ce Soir Je Te Laisse Partir), des amours éternels (Giuseppe Et Maria) ou des amours à venir (Pensons A L’Avenir). On découvre un Cali nouveau finalement, (relativement) assagi, mais qui vit toujours sa musique et prend un plaisir certain à la faire partager. Les titres les plus anciens ont eu droit à un lifting, les arrangements ont été revus et le résultat sonne beaucoup plus rock, qui permet de redécouvrir et d’apprécier des anciens morceaux peut être trop entendus (Qui Se Soucie De Moi).
Fidèle à lui-même, Cali ne manquera pas l’occasion de faire son traditionnel slam dans le public, où des dizaines de mains ont l’occasion de toucher cette veste en velours dont le choix restera discutable. Si le concert fait plutôt honneur à l’électrique, un petit break intimiste fait son apparition une fois l’hymne à Eric Cantona scandé (oui d’accord, le but contre Sunderland était pas mal, la chanson en revanche me laisse toujours circonspect). Un duo avec son guitariste pour interpréter Mon Ami, qui prend presque des allures de “Bono/The Edge”. Puis un autre duo voix/piano pour Amour M’a Tuer avant que le classique Pensons A L’Avenir où la (je pense) fille de l’artiste apporte toute sa jeunesse au tambourin. Le public chante et je crois que moi avec… Deuxième chose sur laquelle réfléchir.
Je me laisse encore séduire par une des meilleures compos de Cali, Je Te Souhaite A Mon Pire Ennemi, avant de prendre congé. Je sors de là, je souris, je me ferai charier demain mais c’est pas grave. J’assume. J’ai aimé le show, il m’a réconcillié avec l’artiste. Ségolène a perdu ? Pas grave, c’est de l’histoire ancienne maintenant.