Un concert de Joshua Tillman, ça se mérite. Après être passés par une purée de pois pour aller le voir alors qu’il tapait encore les fûts au sein des Fleet Foxes l’année passée, nous affrontons ce soir une tempête de neige. Mais quand on est fan, on ne recule devant rien. Encore moins quand le sosie d’Anne Hathaway officie au bar [soupir…].
Troisième concert en un an pour nous au Fri-Son, après la bande à Pecknold et Damien Jurado. Non, nous ne faisons pas de fixation sur la scène de Seattle (mais message aux programmateurs, si jamais Poor Moon ou The Head And The Heart sont dans le coin, on est preneur).
C’est notre deuxième concert de Tillman de l’année, après un passage en acoustique et en solo à la Flèche d’Or à Paris. Le show de ce soir est tout autre : Father John Misty est avec ses musiciens, l’occasion de pouvoir véritablement découvrir Fear Fun sur scène, ce magistral album aux arrangements non moins magistraux. Deux guitaristes, un bassiste au pantalon slim très slim, un batteur et un clavier, il n’en faut pas moins pour nous servir les titres concoctés par l’alter-égo de l’ex-batteur des Fleets Foxes. J. Tillman (qui porte au passage le même t-shirt que 6 mois plus tôt à Paris, avec la même tâche d’ailleurs) campe un vrai personnage, cynique, un brin provocateur, qui fait véritablement son show entre chaque morceau. La centaine de personnes présente ce soir aime et n’hésite pas à renvoyer la balle au chanteur à coup de réparties bien placées.
La setlist commence comme sur disque par Funtimes In Babylon, où on découvre un FJM crooner, se dandinant et jouant avec son pied de micro. Tillman assume désormais totalement sa voix, plus que dans ses premiers albums intimistes et dépouillés, ce qui se ressent quand il entâme les envolées de Only Son Of The Ladiesman. Les musiciens sont les meilleurs porteurs des compos de Fear Fun. Surtout le guitariste Benji, qui malgré des allures de geek, peut aussi bien assurer la six cordes country sur Tee Pee’s 1-12 qu’un riff à la George Harrison sur This Is Sally Hatchet (toujours un des meilleurs titres de FJM). Une vrai complicité existe d’ailleurs entre Tillman et Benji, qui se sent lors du rappel où on retrouve le duo pour la jazzy Never The Less. Et un projet de comédie musicale mettant en scène le guitariste serait à l’étude…
Le concert passe trop vite, mais on retient des moments de grâce comme l’universelle Everyman Needs A Companion, pendant laquelle notre troisième compagnon de route pourra se vanter de s’être fait baiser le crâne par J. Tillman. Et l’apothéose est atteinte lorsque la batterie entâme Hollywood Forever Cemetery Sings, qui devient maintenant une véritable explosion rock, où un pied de micro manque de toucher mon voisin de gauche.
La soirée prend donc fin, on retourne voir Anne avant de partir et il est temps de prendre congé et d’affronter les pistes enneigées des routes helvétiques. La conclusion est toute faite avec le dernier morceau joué par Father John Misty, hommage au Canned Heat : On The Road Again…
