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BENJAMIN BIOLAY, Vengeance

Naïve/2012

Voici que sort enfin le nouvel opus de Benjamin Biolay, attendu désormais comme le messie. Vengeance ne déçoit pas. Il semble même plus étoffé en matière de palette musicale que son prédécesseur à deux fois 100 000 exemplaires, La Superbe.
Vengeance est un grand et savoureux écart entre pop, chanson, folk et même new wave. Il faut dire que les ambiances synthétiques et froides vont bien à Biolay. On le savait depuis A L’Origine et La Superbe. Le chanteur confirme avec Sous le lac gelé, ou encore Venganza en duo avec Sol Sanchez, où l’efficacité des beats synthétiques se mêle à un parc de cordes et de cuivres toujours aussi étoffé et classieux. On retrouve aussi le Biolay grand sorcier d’une chanson nourrie d’influences pop, lorsqu’il chante sa solitude sur Personne dans mon lit et sur Trésor Trésor.

En dépit de ce titre d’album qui laissait présager une écriture fielleuse et quelques chansons revanchardes – Biolay a eu souvent maille à partir avec la presse à scandale ces dernières années -, pas de morceaux dans la veine de La garçonnière ou encore Trash Yéyé. Le chanteur au contraire nous montre un profil plutôt enjoué, dans les musiques comme dans les textes – Le sommeil attendra, Marlène déconne -. « Y’a pas mort d’homme », chante d’ailleurs Biolay sur ce dernier titre.
On l’oublie souvent mais le chanteur, outre le fait de nourrir une passion pour le basket américain – si si -, est aussi un adepte du hip hop, une passion qu’il affirme cette fois haut et fort en invitant Orelsan et Oxmo Puccino sur deux titres. Le premier, Ne regrette rien, conserve des atours pop, sous-tendu de motifs électro, riffs de guitare, une lente montée en régime, comme une suite bien tournée de La Superbe. L’arrière-goût doux-amer, le contraste de la nonchalance de Biolay et le flow d’Orelsan fonctionnent à merveille. Avec Belle Epoque, featuring Oxmo Puccino, c’est le Biolay noctambule qui se présente à notre oreille, la voix plus enfumée, sur un arrière-plan jazz funk, où l’on retrouve aussi le saxo du premier single Aime mon amour. Qu’il soit en mode crooner en faisant un crochet par la Soul – La Fin de la fin – ou flirte avec les dancefloors – L’Insigne honneur -, c’est un Biolay enfin à l’aise avec sa voix que l’on retrouve ici.
L’album a aussi la particularité d’être tissé de duos, certains attendus – il fallait bien que le petit prince de la scène française se fende d’une collaboration avec l’égérie Paradis -, d’autres plus étonnants et réjouissants, comme la chanson titre avec Carl Barât, rugueuse et brumeuse, ou celle avec Julia Stone, objet musical fragile, entêtant et désuet, du calibre de Trash Yéyé même si plus ensoleillé.

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