Vertigo/ Universal/2012
Fer de lance de la scène rock de Seattle du milieu des années 80 à la moitié de la décennie suivante, Soundgarden se séparait subitement en 1997 après, pensait-on, un ultime album, Down On The Upside (1996).
Depuis, les membres de la formation ont poursuivi leur chemin avec des fortunes diverses. Kim Thayil et Ben Shepherd ont quasiment disparu de la circulation. Matt Cameron est devenu l’indispensable batteur de Pearl Jam. Et Chris Cornell a connu plus ou moins de réussite en groupe avec Audioslave ou en solo, avant de se perdre carrément avec son inaudible album R’n’B Scream.
Puis petit à petit une effervescence est née autour d’un possible retour de Soundgarden. Une retrospective avec un pseudo nouveau titre qui s’avérait être un vieil enregistrement, puis une autre excellente compilation Live On I-5. Mais la véritable rennaissance vient avec Live To Rise, bande-son du blockbuster The Avengers, titre en demi-teinte certes mais qui démontrait tout de même que la formation en avait encore sous le coude. Et ce retour, c’est King Animal, qui s’ouvre par le bien nommé Been Away Too Long (d’où émane une certaine réminescence grunge) et symbôle de ces 16 années de disette. Les fans de Soundgarden ne seront pas dépaysés. Produit par Adam Kasper (Pearl Jam, Foo Fighters, Queens Of The Stone Age), le groupe ne se réinvente pas vraiment mais sa formule de l’époque Badmotorfinger/Superunknown reste des plus efficaces. Rythmique lourde (Blood On The Valley Floor), solos de Thayil, un brin de psychédélisme (Non-State Actor aux accents zeppeliniens, A Thousand Days Before) et surtout le voix de Chris Cornell, moins au bord de la rupture que ces dernières années. On retrouve ce côté ballade noire comme The Day I Tried To Live dans Black Saturday et on sent presque parfois un côté pop indie dans la structure des morceaux (Worse Dream).
Avec King Animal, Soundgarden signe un retour presque inespéré et évite le piège de l’album sans saveur, à but lucratif. L’envie commune des membres du combo pour se remettre en selle se fait vraiment sentir à l’écoute de ces 13 pistes. Ce LP ne fera que conforté le groupe de Cornell envers ses éternels fans, anciens ados des nineties, et on fera naitre de nouveaux.