Lyon-Villeurbanne, arrivée à 14h30 devant le Transbordeur, pour environ quatre heures d’attente. Le temps passe vite, on discute, on retrouve de vieilles connaissances. C’est la troisième fois que l’on voit Jack White cette année. Il sera difficile de rattraper certaines personnes qui en sont à leur sixième fois !
Par chance, on obtient l’early entry, passe-droit qui permet d’entrer en salle un quart d’heure avant l’ouverture officielle des portes. Après quelques minutes d’attente devant la salle, c’est la course pour gagner le premier rang ! C’est Peggy Sue qui ouvre les hostilités, un peu longuet et on reconnait l’amour de White pour ces groupes de femmes qui chantent en chœurs (First Aid Kit, Smoke Fairies). La pression monte, les roadies s’activent, fignolent les derniers « détails » techniques.
21h10, les lumières s’éteignent, quel groupe sera sur scène ce soir ? Los Buzzardos, suivi de près par le Maître, un cigare à la bouche ! Cerise sur le gâteau quand résonne Black Math, une version différente de l’originale, qui est indéniablement blues. On passe ensuite par quelques classiques de Blunderbuss. Weep Themselves To Sleep est épique. Jack White n’a pas perdu ses bonnes habitudes, c’est toujours vers la batterie qu’il joue, si bien que souhaitant monter sur l’estrade il s’effondre au milieu des cymbales et des tomes. Transporté par son jeu, il se relève tant bien que mal l’air de dire : « Moi, tombé ? Non, jamais ! ». Par principe, aucun concert du Troisième Homme ne doit ressembler à un autre, d’une part grâce au choix du groupe, à l’évolution du travail sur scène et d’autre part grâce aux réarrangements des morceaux. Les paroles de Love Interruption sont transformées, il est question de créativité et le final est joué au piano. Il en est de même pour le classique Dead Leave And Dirty Ground. Il est amusant d’observer White communiquant avec ses musiciens. Pour John The Revelator, Jack White reprend le piano et fait de grands gestes de bras ce qui crée confusion avec Ikey qui ne sait plus vraiment quoi faire.
Tout le monde le sait Jack est fourbe. Jouant sans setlist, les premiers informés du titre à venir son Daru Jones (batterie) et Dominic John Davis (contrebasse) qui lancent les intros. C’est d’ailleurs l’un des points faibles des Buzzards, le feeling est nettement moins bon que celui des Peacocks. On remarque encore quelques hésitations entre White et ses musiciens. Si le maître reste toujours de marbre, il semble plus épanoui sur tout ce qui touche au blues-country acoustique. Hotel Yorba, morceau connu de tous est repris en chœur. Le très bon Top Yourself emprunté aux Raconteurs, pourvu d’un excellent solo de guitare, de blagues, est revisité avec brio par Les Buzzards. Retour aux sources avec Hello Operator, le public est à nouveau invité à chanter et Cory Younts offre une très bonne partie d’harmonica ! Jack White sait s’entourer de belles femmes, la preuve lorsqu’il invite la jolie Lilie Mae à jouer du violon sur I’m Slowly Turning Into You. On repart pour quelques morceaux acoustiques, Two Against One est réarrangé par Jack et son boys band, en quelque chose de très psyché, avec quelques pointes éléctro. L’instant ambiant du concert ! Nouvelle surprise avec le poignant You’ve Got Her In Your Pocket rarement jouée sur scène, toujours aussi simple mais fort. Blunderbuss est indéniablement dédié au piano. Le rock Trash Tongue Talker (« Langue de pute », l’un des coups de cœur de l’album pour des raisons personnelles) prend une autre tournure lorsque White se jette sur l’orgue et offre quelques minutes de gloire à Cory Younts, l’énergique multi-instrumentaliste. En guise de final nous avons droit à Freedom At 21 qui a tout pour devenir l’un des nombreux tubes du large répertoire de White. Et quand on parle de tubes, Jack White empoigne sa guitare Kay pour Seven Nation Army, fait un léger détour « dans le public », il ne manquait plus que quelques centimètres pour que mes comparses et moi puissions le toucher. Il est de temps de faire le salut, Jack White III et Los Buzzardos sont trempés mais semblent satisfaits de leur performance et du public très réceptif. On ressort à peine déçu par l’absence de rappel et mitigé par rapport à une setlist assez pauvre en comparaison à ce qu’il fait d’habitude. Peu importe, Jack White nous fait toujours autant vibrer et nous balance à chaque fois une vraie leçon de rock ! Jack White, c’est le vrai, le pur !
– Claire, Johan & Thomas.