Sub Pop/Bella Union/PIAS/2012
La vie en dehors des Fleet Foxes est vraiment formidable. Et on se demande si la difficile façon de travailler de Robin Pecknold n’a pas finalement un effet positif sur ses collègues. Après Joshua Tillman qui a claqué la porte pour devenir le génial Father John Misty (on ne va pas en remettre une couche, mais Fear Fun est un must have), voici donc la première longue production de Christian Wargo et Casey Wescott. En compagnie des frères Murray (Christmas Cards), ils nous avaient déjà convaincus en cinq pistes avec Illusion, premier EP sorti au printemps.
Maintenant, c’est un premier album éponyme qui tourne sous le saphyr. Et Wargo et Wescott démontrent que sans Pecknold, on peut produire des mélodies outrageusement géniales. Moins évident à la première écoute que Illusion, Poor Moon est cependant un recueil de morceaux relativement courts (l’album ne dépasse pas la demie-heure) mais qui renferme une subtilité d’arrangements indéniable. La base folk commune aux Fleet Foxes est toujours présente (Cloud Belows) ainsi que les choeurs christiques (Same Way, Birds). Mais Poor Moon ne se réduit pas à une pâle copie des renards de Seattle. Wargo et ses compères se créent leur propre univers pour explorer divers horizons. La caliente Phantom Light et son clavecin à contre-emploi, ou dans le même état d’esprit, la lancinante Holiday. Et comme sur Illusion, on trouve une pointe de pop californienne (Waiting For), du psychédélisme (Heaven’s Door) et de la pop 60’s (Pulling Me Down). A noter, pour les oreilles les plus fines qui trouveraient que certaines parties de batterie rappellent celle de Helplessness Blues: c’est tout à fait normal puisque l’ami Josh Tillman est derrière les fûts.
Poor Moon est un album qui se dévoile écoute après écoute. Il faut prendre le temps de se plonger dedans. Mais une fois emporté par ses douces vagues, il est difficile d’en décrocher. L’avenir des Fleet Foxes est en suspens. On a envie de dire: “Et alors ?” .