Matador Records/Naïve/2012
Six ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Chan Marshall pour revenir avec ses propres compositions. Six années pendant lesquelles la belle a sorti un second album de reprises (Jukebox), est devenue un objet de mode, a tenté de mettre de l’ordre dans sa vie privée. Que pouvait-on attendre alors de Cat Power ? Elle qui avait divisé avec The Greatest, tant objet d’admiration que de critiques les plus acerbes. La réponse est dans Sun, nouvel opus au titre lumineux, présenté ici piste par piste.
Sortie le 3 septembre 2012.
Cherokee: Le titre d’ouverture est assez représentatif de ce qui va nous être proposé dans le reste de l’album. Chan Marshall a réalisé l’album quasi seule. La batterie est remplacée par des boites à rythmes qu’on retrouvera tout au long du disque, une base de piano et un riff de guitare en boucle. Une démonstration de la nouvelle voie musicale empruntée par Cat Power.
Sun:Assez paradoxalement, le morceau éponyme est le plus sombre de l’album. Une production très froide, renforcée par des synthés. Une guitare très noire qui fait presque passer le titre pour un morceau coldwave.
Ruin:Un piano latino, une batterie feutrée et une voix. Cette voix tant aimée qui n’a rien perdu de sa force. Une guitare se met en marche et le titre un instant presque festif devient totalement indie rock.Ruin est le premier morceau que nous avions pu découvrir en teaser de Sun. Il sera certainement celui que l’on retiendra le plus.
3,6,9:L’écoute des 3 premières pistes en aura déjà dérouté plus d’un. Les choses ne vont pas s’arranger avec3,6,9 où Cat Power s’adonne au R’n’B. On ne pensait pas un jour associer ces deux mots dans une même phrase, c’est maintenant fait. Certainement pas le meilleur titre de Sun, surtout quand la pourtant si belle voix de Chan passe au vocoder.
Always On My Own:Peut-être le morceau où on retrouve plus la Chan Marshall que nous connaissions entre Moon Pix et You Are Free, mais remis au goût du jour. Une ambiance cristalline avec une nouvelle fois un duo batterie-guitare très feutrées, et une couverture synthétique.
Real Life:Une compo complétement synthétique avec de nouveau un refrain qui aurait tend vers le R’n’B. Comme sur3,6,9, on accroche très difficilement et on passe rapidement sur ce titre.
Human Being:Un titre lancinant, presque érotique où la guitare porte un côté latino comme le piano de Ruin. Human Being sent les crépuscules d’une chaude nuit d’été et comptera parmi les réussites de Sun. Chan retrouve le timbre éraillé de l’époque The Greatest.
Manhattan:Boite à rythmes, piano. Un morceau qui prend le temps de s’installer. Mais qui finalement ne décolle pas. Peut-être trop long, la compo en devient lassante.
Silent Machine:Si on reprochait à la piste précédente de ne pas décoller, ici c’est le contraire.Silent Machine est le morceau rock de Sun. Un riff de guitare sonne l’alarme et des choeurs viennent soutenir Chan pour donner plus de hauteur à la compo qui renferme au fond d’elle des arrangements presque indus. On aime.
Nothin But Time:10 minutes 55. Voici le titre le plus long deSun.Une boucle de piano qui s’étire tout le long du morceau. Idem pour la rythmique. Quelques pointes de guitares judicieusement arrangées qui confèrent un côté aérien à Nothin But Time. Puis une voix masculine. Un temps promis à David Bowie, c’est finalement Iggy Pop qui vient poser son timbre grave à cette compo dédiée à la fille ado de l’ex-compagnon de Chan Marshall. Il se sera fait attendre, mais on tient là réellement le titre qui sort du lot. Une réussite.
Peace And Love:Commençant sur un riff de guitare indie rappelant la scène des 90’s, ce morceau est pourtant profondément hip hop, dans le rythme et dans la façon de chanter de Chan, qui s’initie au flow. Certes c’est original mais de là à totalement convaincre…
Cat Power délivre donc un disque au son nouveau, comme si Chan Marshall avait découvert une nouvelle personne en elle. Moins minimaliste que tout ce qu’on avait pu entendre jusqu’ici dans sa discographie, Sun est synonyme de renaissance, où la belle semble plus extravertie. Mais assez paradoxalement, Sun est un disque finalement homogène et qui sent un peu le manque d’inspiration. Là où on trouvait quelque chose à chaque piste de You Are Free, celles de Sun semblent toutes sortir du même moule, à quelques exceptions près. Chan Marshall et son alter ego auront de nouveau droit à son lot de critiques mais ceux qui la suivent depuis longtemps y dénicheront toujours de bonnes choses (la preuve ici). Il y aura toujours quelques rayons de Sun pur nous éblouir.