L’imprévu, c’est cool. Pour développer, se voir proposer à la dernière minute une dégustation de vins dans une vieille propriété Bourguignone, c’est déjà pas mal. Mais faire celle-ci en compagnie de Peter Von Poehl, ça y ajoute du cachet. Direction donc Dijon et plus précisément Fixin, où nous sommes accueillis au manoir de la Perrière, superbe bâtisse fondée par les moines au XIIème siècle. Cet évènement orginal a été organisé par La Vapeur, qui a vraiment eu le nez creux, et il en faudra pour déguster les délicieux vins qui nous attendent. Une heure et demie conviviale, où nous apprenons à grumer le vin, sous les voûtes d’une magnifique cave. La cinquantaine de privilégiés présents ne cachent par leur plaisir et Peter Von Poehl aussi de la partie semble apprécier également. L’ambiance est plus que détendue, on se demande pourquoi…
Les bouteilles vides, le maitre des lieux nous invite ensuite à rejoindre la partie haute du bâtiment pour le concert du Suèdois, car on est venu pour ça initialement. Le cadre: des vieilles pierres, de vieux livres et de vieux portraits de famille est idéal pour voir une performance acoustique (et quelque part nous rappelle les concerts de Vandaveer dans la cave des PDZ à Besançon). Car ce soir, le minimalisme mais aussi l’harmonie (comme l’a si bien souligné notre viticulteur) sont de mise. Peter Von Poehl est accompagné d’un unique violoncelliste du nom de Zack Miskin. Le repertoire du guitariste, que ce soit les titres de Going Where The Tea Trees Are ou de May Day, ainsi que les quelques nouveux morceaux qu’on a pu entendre se découvrent une nouvelle dimension. Les chansons sont à la fois épurées par rapport à leur version studio, mais elles gagnent en finesse et en profondeur. Le folk du Scandinave devient alors râffiné et ces compositions délivrent de beaux moments de grâce. Commençant par une intro instrumentale, on sent immédiatement toute la complémentarité entre la guitare et le violoncelle. Peter Von Poehl offre alors des moments allant du folk boisé (Forgotten Garden, Travelers) à des moments purement americana (Near The End Of The World). Ajoutant parfois une touche d’harmonica (pas toujours maitrisé, il faut le reconnaitre, mais quand on connait le déroulement du début de soirée, on sera indulgent), il s’ouvre à d’autres horizons, nous renvoyant par un certain côté au Ghost Of Tom Joad de Springsteen (Going To Where The Tea Trees Are). Le Suédois est totalement à son aise, s’exprime en français et pour chaque morceau, nous raconte où il a puisé son inspiration, comme par exemple comment après un rendez-vous chez le dentiste il a écrit Toothy Fairy. On soulignera également la capacité de Miskin à s’approprier le répertoire du Blondinet, prenant parfois le dessus sur la guitare, notamment sur le titre dédié à la grand-mère de Von Poehl, Elisabeth. Une vrai complicité s’est créée entre les artistes et le public, et qui voit l’audience faire les choeurs sur la toujours magnifique The Story Of The Impossible.
Après deux rappels, il est temps de quitter les lieux, non sans avoir félicité le guitariste, un mec simple et abordable et surtout sincérement heureux d’avoir partagé ce moment. La Vapeur a définitivement réussi cette première. Et on gage que l’expérience sera rééditée.