Anti-/PIAS/
Quand, au début des années 2000, Cat Power, grande prêtresse folk, faisait sensation à travers le monde et qu’on n’avait pas encore entendu parler d’une certaine Alela Diane, Jolie Holland, texane d’origine mais installée à San Francisco, sortait son deuxième album, savoureux recueil de folksongs à l’ancienne, aux accents jazz, blues et country.
Membre fondatrice de The Be Good Tanyas, Jolie Holland présente, en 2004 donc, Escondida sur le label Anti- (qui héberge notamment Tom Waits, Grinderman ou Tricky), un disque enregistré au Canada recèlant des chansons ensorcellantes et ayant connu un succès d’estime. Comme Alela Diane, Jolie est allé fouiller dans son grenier pour y dénicher les vieux disques qu’écoutaient ses parents et ses grands-parents. Fade Coat Of Blue et Old Fashioned Morphine auraient d’ailleurs pu figurer sur un disque d’Alela sans que cela ne paraisse bizarre.
Sur Escondida, on retrouve l’esprit de la musique traditionnelle américaine dans ce disque, ce même esprit qui influence et nourrit aujourd’hui la musique du groupe Moriarty, par exemple.
A son écoute, force est de constater que ce disque se fiche bien des modes, Jolie Holland semble s’y amuser follement, pour preuve ce Mad Tom Of Bedlam, morceau au groove implacable, qui fait se rencontrer la voix funambule de Jolie et une batterie décontractée au son jazzy.
Comme le démontre Sascha, qui ouvre magnifiquement le disque, Jolie Holland est aussi très à l’aise pour composer et interprêter de belles ritournelles de facture classique sur lesquelles ne cracherait pas Norah Jones (Amen, Damn Shame).
Depuis, Jolie Holland a sorti deux albums (Springtime Can Kill You, 2006 et The Living And The Dead, 2008), dans la lignée de leur prédécesseur, mais qui n’ont pas rencontré le même succès. En tout cas, on pourra considérer Escondida de Jolie Holland comme un classique du genre.