En novembre dernier, le Fri-Son nous avait réservé un super accueil à l’occasion de la
La scène est bien remplie: batterie, basse, guitare électrique, synthé, iPad… Et oui, Damien Jurado est venu avec ses musiciens. Lui qui avait l’habitude de se présenter seul avec sa guitare lors de ces précédentes visites en Europe a désormais des compagnons de route. Un choix qui n’a pas été compris par tous lors de cette tournée. Le groupe d’ailleurs est le premier à pénétrer sur scène, nous annonçant que Damien Jurado ne viendra pas ce soir mais qu’ils allaient quand même jouer ses chansons. Humour, bien entendu. Le chanteur de Seattle arrive, dans des habits dignes d’un membre d’un groupe grunge du début des 90’s. Et on s’interroge quand on le voit mettre trois bonnes minutes pour s’installer, à brancher sa guitare. On le croirait presque à côté de la plaque et on se demande même si il a pas un peu abusé de la Cardinale. Mais une fois les premières notes de Nothing Is The News lancées, on est rassuré. Et on ne comprends toujours pas pourquoi le public bordelais a conspué Jurado. Maraqopa est certes surprenant à la première écoute, mais une fois plongé dedans, on ne peut plus le lâcher. Et s’en est de même à l’écoute des morceaux en live. Le groupe de Jurado est en harmonie avec son leader pour mettre en lumière les arrangements orchestrés par Richard Swift en studio, conférant ce côté psychédélique au premier morceau sus-nommé ou plus tard à This Time Next Year. Qu’importe que l’album soit joué dans l’ordre. Les titres nous emportent. L’intimiste morceau-titre, Everyone A Star est agrémenté d’un solo de guitare très Carlos Santana, l’une des inspirations de Maraqopa. Et c’est assez magique d’entendre les choeurs de Life away From The Garden ou de Working Titles. D’une réputation réservée, le grand Damien ne l’est pas du tout ce soir. Il nous raconte de savoureuses anecdotes de leur venue en Suisse, notamment la rencontre avec un chien policier identique à celui de Air Bud. Mais visiblement, le chien n’en avait rien à faire de cette affiliation… La bonne humeur prime et on sent une vrai complicité avec ses musiciens. Sans démagogie aucune, il avoue qu’il a joué dans des endroits grandioses en Espagne (on pense au Théatre de San Sebastian), mais qu’il est heureux de se retrouver dans une salle si intimiste, proche du public. Une fois la setlist de Maraqopa arrivée à sa fin, le morceau-fleuve Horizons est joué, un véritable boeuf psyché de sept minutes, grandissime. Et alors le groupe quitte la scène, laissant Jurado comme on le connait plus. Seul avec sa guitare pour jouer d’anciens morceaux, et le show prend une autre tournure. Il devient véritablement magique. Car même si la nouvelle configuration scènique est un plus, les vrais frissons sont quand ce grand ours se retrouve en tête à tête avec le public. Sheets et Ohio sont lourdes en émotion et sont une preuve, s’il en fallait encore, que notre homme est l’un des meilleurs songwriters folk contemporains. Les musiciens reviendront pour le rappel auto-réclamé par Jurado. Diamond Sea, une face B qui fait office de clotûre de façon assez sensationnelle. Et après une ovation, le vrai rappel à lieu. Seul, Saint Bartlett joue Arkansas, rebaptisée “Switzerland” pour l’occasion. La soirée prend malheureusement fin. Avec la sensation d’avoir vécu un moment grandiose avec une personne qui est l’antithèse parfaite d’une star. Un artiste génial qu’on aime à garder pour nous, comme un trésor caché.