Null/Columbia/Sony/2011
Trent Reznor et Atticus Ross ne se quittent plus. On connaissait pourtant Reznor comme un personnage autodidacte et solitaire, seul maître à bord du vaisseau Nine Inch Nails. Et il semblerait que finalement il ait trouvé son alter égo en la personne de Ross. En effet depuis Year Zero de NIN, les deux hommes ont pu démontrer leur symbiose musicale dans divers projets. D’abord une nouvelle fois avec le premier né de Reznor sur les 36 pistes de Ghosts I-V, puis au sein de How To Destroy Angels, accompagnés de Mme Reznor, Mariqueen Maandig. David Fincher ne s’y est pas trompé et avait déjà embauché le duo pour la B.O de son précédent film The Social Network, rafflant au passage l’Oscar de la meilleur musique de film. Pas étonnant de les voir reconduit ici pour l’adaptation américaine de Millenium.
On le sait depuis ses débuts, l’univers de Trent Reznor est noir et a déjà prouvé son efficacité pour habiller l’esthétique sonore de long métrage (souvenons nous du générique de Se7en, déjà de David Fincher ou encore Lost Highway de David Lynch). Et le rapprochement avec Atticus Ross ne changera en rien cela, ce dernier aussi adepte des ambiances sombres (il a produit koRn sur See You On The Other Side et Untitled). Nous avons donc les candidats idéaux pour réaliser la B.O. de l’adaptation américaine du roman de Stieg Larsson. Et quiconque a lu Millenium connait cette atmopshère sombre et froide. Reznor et Ross en 39 morceaux (!!!) et 3h de musique unissent à la perfection tous ces univers. A quelques exceptions prêtes (la reprise indus de Immigrant Song de Led Zeppelin avec Karen O), toutes les pistes sont instrumentales, parfois avec en fond les murmures de Mariqueen Maanding (I Can’t Take Anymore, Millenia). On retrouve par moment l’ambiance des plages instrus de The Fragile (She Reminds Me Of You). Le parfait équilibre est trouvé entre des compos cristallines (People Lie All The Time, Please Take Your Hand Away, The Heretics) et des pistes noires et inquiétantes (With The Flies, Hypomania). On sent parfois une violence contenue (A Thousand Details) ou une tension latente (An Itch) dans ce labyrinthe sonore qui nécessite une totale immersion, casque sur les oreilles. Paralell Timeline With Alternate Outcome est une formidable construction qui monte crescendo, commençant au piano pour se terminant sur un final effrayant qui laisse comme une interrogation. Le duo offre également un moment de grâce onirique avec le magnifique You’re Here.
Voici donc une B.O. parfaitement réussie qui devrait habiller à la perfection les mondes de Fincher et Larsson. Une ambiance sombre et froide qui ne voit qu’une légère éclaircie dans le final offert par How To Destroy Angels, Is Your Love Strong Enough.