Voici presque une semaine que le festival TGV Génériq est sur les rails. Le Nouveau Théâtre de Besançon accueille trois formations ce soir, comme il l’avait déjà fait pour les précédentes éditions pour des soirées mémorables (notamment en 2009 avec Elliott Brood-O’Death-Charlie Winston).
Avant le reconnu Baxter Dury, deux découvertes inconnues du grand public. Mesparrow ouvre donc cette soirée, jeune femme aux épaules de plûmes. Sa palette musicale pourrait être partagée en deux mondes : l’un composé de morceaux piano-voix dénudés quelque part inspirés par le White Chalk de PJ Harvey voire de Chris Garneau, l’autre fondé sur des samples préenregistrés ou pris sur le vif pour être mis en boucle. Même si on ne peut mettre en doute la formidable voix de l’artiste, il faut reconnaitre que son univers est difficilement pénétrable et que l’amphithéâtre, pas encore tout à fait rempli, est difficilement convaincu. Les bruits de fouet bucaux n’aidant pas. Et le personnage assez réservé ne permet pas d’apprivoiser cet univers comme on le voudrait. D’ailleurs, nos voisins de gauche ne s’y trompent pas en choississant de parler de sujets sûrement beaucoup plus intéressants, quitte à parler plus fort que la chanteuse. Certains les qualifieraient d’irrespectueux, alors qu’un terme en quatres lettres pluriel inclus conviendrait mieux.
Petit entracte pour le changement de scène. Saluons au passage le bon goût du régisseur-son du soir qui nous fait patienter avec la musique de Damien Jurado.
Les Rémois de John Grape prennent maintenant possession du plateau du Théâtre, abats-jour en place pour une lumière tamisée. D’entrée leur (on leur souhaite grandement) futur hit Pale Girl est joué. Ou comment se mettre immédiatement une audience dans la poche. Le groupe nous confiera plus tard que le morceau est fait pour emballer, pas étonnant. Les compos du EP éponyme prennent une véritable identité en live. L’autobiographique Come On & Hurry, le rétro Wiser. Ces mélodies rappelant tant Jeff Buckley que Radiohead (et même Grandaddy me souffle-t-on) démontre l’énorme potentiel du trio. Et le final If I... donne même des frissons à la bassiste d’un groupe local. On gardera un oeil sur John Grape. Et les types sont vachement sympas, ce qui n’enlève rien.
Autre entracte, histoire de passer s’en jeter une au bar et de croiser les “copains” (les c-o-n-s qui parlaient à côté…).
Puis, la scène accueille Baxter Dury…Aaah,Baxter Dury. Curieux personnage que cet anglais d’une quarantaine d’années, qui se présente à nous en costume noir et cravate fine. Le groupe qui l’accompagne est atypique : un guitariste tout droit sorti d’un clip des Clash (ou des Forbans, si on veut être moins sympa), une jolie choriste à chignon et robe discutables, un gigantesque bassiste à tête de Mini-Pouce et un batteur discret. Le set aurait pu démarrer simplement si le micro de Baxter avait fonctionné dès le départ. L’Anglais le saisit vigoureusement pour nous saluer et nous dire qu’il est heureux d’être là, qu’on a une belle ville et qu’il aime nos saucisses puis surpris par quelques méchants “cracks” dans les câbles du micro, Baxter demande au régisseur-son s’il cherche à le tuer…Tout le monde rigole de bon coeur, les techniciens s’affairent à réparer les câbles et changer le micro et pendant ce temps, la british clique démarre une impro blues-jazz so décontract’ (guitariste couché par terre, Baxter qui crache sa bière et improvise quelques accords sur son clavier Rhodes…). Bref, on passe un moment sympa rempli de l’humour potache de Dury et sa bande.
Le concert démarre enfin avec comme premiers titres Francesca’s Party (sur Floorshow, le deuxième album de Dury), Isabel et Claire, tirés de l’excellent album Happy Soup. Passé le plaisir de découvrir Baxter Dury sur scène, on peine à se dire que le concert est plus réussi que les disques. Même si ça n’a pas grand-chose à voir me direz-vous, et si Baxter Dury fait les cent pas, communique avec le public et ses musiciens, ça ne fait pas tout, il manque un petit quelque chose pour que le concert soit une réussite. Certes, il y a quelques titres qui fonctionnent fort bien en live, tels que Happy Soup, Love In The Garden. En revanche, pas d’Oscar Brown à l’hotizon, il y a quelques déçus.
On repart tout de même de cette bonne soirée avec les petits sourires d’un moineau en tête, les badges offerts par John Grape et la rencontre avec le groupe, et tout de même la satisfaction de se dire : “j’ai vu Baxter Dury en concert”.