Cooperative Music/PIAS/2011
On nous parle trop souvent au travers de la folie ordinaire, celle de la télé ou celle des gens qu’on croise dans la rue. Pas ceux qui se bousillent le crâne avec tout ce qui brûle et qui passe entre leurs doigts blancs, non… les autres. Tous fous. Ou plus. Ou moins…
C’est cette folie ordinaire qui empêche de comprendre les fous, les autres. Cette folie dont Bukowski fait la chronique, la meilleur à ce jour, qui “(chasse) le LSD pour faire de la télé-merdeuse”. Cette folie qui vous opprime, qui se marre de votre misérable existence et vous oblige tous les jours à regarder Jean Pierre Pernod. Cette folie qui vous empêche de voir ou réside le fait étrange qui fait que The Black Lips font du bon rock et du bon psyché technicoloré jusqu’à l’outrage.
Leur dernier effort – pour le public en particulier – Arabia Mountain est pour l’instant la meilleure façon d’entrer dans la musique du groupe sans se décourager trop vite, on oubliera d’office Good Bad Not Evil, trop idiot, trop déconstruit et aussi trop moche – La moustache de rigueur en témoigne – pour être proprement tolérable.
En premier lieu, on subit, comme d’habitude avec le quatuor d’Atlanta, une pochette du plus mauvais goût possible. En effet la typographie du patronyme du groupe est affublé d’un cimeterre ridicule en guise de soulignage et l’on peut voir leurs trognes, engoncées dans des frusques qui évoquent vaguement le désert, le Mexique des chamans et donc le peyotl. Tout ce dégobillage au milieu d’un environnement vaseux orange et rouge ou l’on distingue deux femmes nues et masquées. On remarque ensuite avec effroi en regardant la liste qu’il y a pas moins de seize morceaux sur le disque… la peur s’installe…
Et en fait non ! Il se trouve que c’est un excellent album, presque accessible en fait, on retiendra plus particulièrement des perles telles que Family Tree avec ces cuivres aux accents mariachis, Spidey’s Curse parce qu’il est crétin au possible, Raw Meat ou encore The Lie.
En somme l’album est un pure hommage à tout ce que l’Amérique a pu produire de garage depuis les années soixante, on pense aux Count Fives, aux Guess Who ou autres Electric Prunes. Tout y est : un son dégueulasse, une voix pas toujours bien juste et des paroles complètement bêtes. En bonus, c’est également une bonne manière d’entrevoir ce qu’est la folie, pas la folie ordinaire, l’autre.