Nuclear Blast/PIAS/2011 – Century Media/SPV/2011
Vénéré à travers le monde, le groupe qui porte le nom d’un germe pathogène très prisé par les terroristes a sorti il y a peu son dernier opus, Worship Music. Iced Earth, autre fer de lance du thrash metal (mais pas que) sort également un nouvel album, Dystopia. Double chronique pour groupe à double pédale.
Ceux qui ont suivi la tournée du Big four (Megadeth + Anthrax + Metallica + Slayer) savent que le combo mené par Scott Ian est revenu aux affaires. Et en comptant à nouveau de Joey Belladonna, chanteur des débuts, dans ses rangs, le groupe peut à nouveau porter haut ses couleurs (enfin, sa couleur : le noir).
Pour ce dixième album, la parure lyrico-agressive est de mise : à l’écoute, pas de doute, Anthrax est de retour. Pas de grand chamboulement non plus, mais l’énergie est restée presque intacte (même si ces messieurs ont vieilli). La voix de Belladonna n’a pas perdu de son charisme, l’amateur qui était ado dans les années 80 ou 90 peut se réjouir et apprécier quelques pépites :I’m Aliveet son solo de guitare,Hymn 1et son violoncelle,In The End, sa rythmique lourde et ses envolées vocales. Il en va de même pourThe Devil You Know, titre speed tout en rupture de rythme.The Giantprouve également que tout ici fonctionne parfaitement et ce, dans les règles de l’art. Solo impecs, batterie féroce, basses soutenues et voix de Belladonna et Ian qui se répondent. De son côté,Crawl, morceau plus moderne dans son approche presque néo-metal et sa production démontre que les New-Yorkais sont capables de s’adapter à leur époque et ne passent pas pour de vieux ringards.
Même si Anthrax est l’un des combos metal qui a épuisé le plus de chanteurs (huit au total, on ne compte pas le nombre de batteurs, bassistes et guitaristes venus participer à l’histoire de ce groupe mythique), il est l’un des groupes les plus importants du circuit etWorship Musicporte bien son nom tant la vénération de la musique de ce groupe n’est pas prête de s’interrompre.
De son côté, Iced Earth n’est pas en reste avec Dystopia (concept contraire à l’utopie, l’idée d’un état répressif et d’une société contrôlée, en somme…). Egalement sujet à de nombreux changements de line-up, Iced Earth – ce groupe officie lui aussi depuis plus de vingt ans – a recruté un nouveau chanteur pour l’enregistement de Dystopia, Stu Block, suite au nouveau départ de Matt Barlow. Vocalement proche de James Hetfield de Metallica, Block déroule tout son savoir-faire de chanteur métal, le titre éponyme démontre les capacités du type, qui n’a pas pourtant pas une grande expérience mais se démarque par cet inquiétant falsetto qui fait là penser à Bruce Dickinson d’Iron Maiden. Ce premier titre prouve, à l’instar d’Anthrax, qu’Iced Earth en a encore sous la semelle de Van’s.
Après une sorte de ballade tout de même un peu ratée (Anthem), le combo retourne aux affaires – son bourrin, double pédale, chant burné –, Boiling Point et Days Of Rage en sont l’illustration parfaite. Iced Earth, comme chez Anthrax, paie son petit moment néo-métal : Anguish Of Youth. La production est plus aérée, le chant plus “doux”. Pour ne pas s’enfoncer, la bande à Jon Schaffer revient à ce qu’il sait bien faire : du métal mi-épique, mi-bourrin. V convoque un solo réussi de Troy Seele, Stu Block y va de son chant aigu sur Dark City, accompagné de chœurs dantesques. Cependant, au moment d’attraper la guitare acousique pour le slow de l’album (End Of Innocence), la sauce ne prend pas forcément, même si Dystopia est un disque plutôt varié.
Deux albums réussis pour deux groupes – des vieux de la vieille – qui ont su maintenir le cap d’un métal ancestral tout en y apportant des touches de modernité.