Hear Music/MPL/Universal/2011
Rééditions simultanées des deux premiers albums solo du légendaire Macca. Deux disques qui en apprennent long sur le home recording et l’utilisation des premiers samplers.
En 1970, Paul McCartney enfante dans la douleur ce premier album solo, intitulé McCartney. Linda est là et l’épaule pendant l’enregistrement qui a lieu peu de temps après la séparation des Beatles. Paul joue tous les instruments (guitare, batterie, claviers et basse, bien sûr) et Linda chante les harmonies vocales et prend les clichés familiaux et bucoliques qui orneront le livret. Paul couche sur bande magnétique 13 morceaux dont 5 sont instrumentaux. Ce disque fait l’objet de quelques expérimentations sonores (utilisation de spray aérosol et de verres…) mais amène aussi sur le disque ce qu’il sait faire de mieux : des mélodies.
Les instrumentaux sont principalement des improvisations, le multi-instrumentiaste s’essaie à jouer avec des verres remplies d’eau à divers niveaux pour obtenir plusieurs tonalités (Hot As Sun/Glasses, morceau qui date de l’époque où il jouait avec Lennon au sein des Quarrymen). Certains des titres sont assez conventionnels dans le sens “beatlesien” du terme, c’est-à-dire que l’on retrouve le savoir-faire pop de Paul, qui maîtrise donc toujours la mélodie (Every Night, Man We Was Lonely). Junk est l’un des plus beaux titres, et aussi l’un des plus mélancoliques. Idem pour Maybe I’m Amazed, que l’Anglais joue encore beaucoup lors de ses tournées.
That Would Be Somethingest une ballade bluesy qui présage un peu de la couleur du disque Ram.
Si à l’époque, le côté artisanal (do it yourself !) du disque en rebute pas mal, on peut trouver quelques perles sur ce disque un peu bancal mais du coup terriblement attachant.
Son successeur intitulé sobrement II est aussi joué par McCartney seul et sort en 1980. Linda est également de la partie derrière le micro et l’objectif de son appareil photo. Ce disque marque également la fin de l’aventure Wings. Ici, Paul expérimente un appareil capable de jouer en boucle le même son ou la même mélodie : le séquenceur. Grâce à ce procédé, il sample des sons synthétiques mais le résultat n’est pas spécialement très attirant ou a en tout cas mal vieilli, la boucle de synthé de Temporary Secretary donne un peu la migraine et du coup l’album, bien qu’ayant connu un beau succès, ne figure pas parmi les réussites de la discographie de Paul. Rappelons-le, à l’époque de sa sortie, ce genre de bricolage, d’expérimentation, suscite tout de même un intérêt et puis ne l’oublions pas : les années 80 débutent. Le drôlatique Darkroom, l’instrumental orientalisant Frozen Jap ou le très solennel Summer’s Day Song sont autant de morceaux qui sont le fruit du travail de Paul dans son studio, jouant sur les voix et les nombreux effets à portée de main.
Sur II, on retrouve sur ses 14 pistes quelques titres qui font écho à McCartney comme On The Way, une espèce de blues avec une voix pleine d’écho, justement. L’ancien Beatle fournit également une ballade One Of These Days et un boogie au tempo rapide Nobody Knows.
La réédition remasterisée des deux disques s’accompagne de bonus, morceaux laissées de côté lors de l’enregistrement ou versions live ou alternatives telles que Blues Sway (sur II) orchestrée par David Niles ou Maybe I’m Amazed tirée d’un concert (sur McCartney).