Universal/2011
Je peux le dire sans gêne : j’apprécie Lady Gaga pour deux raisons, le fait qu’elle soit une musicienne douée et sa facilité à accoucher de tubes imparables sur son premier album, The Fame, sorti en 2008, puis ressorti un an plus tard dans une version augmentée de bonus, The Fame/Monster.
C’est vrai, pour peu qu’on surfe quelques minutes sur le net, on peut trouver des vidéos et s’apercevoir que Lady Gaga n’est pas juste l’interprête de chansons écrites pour elle. Même si cela ne s’entend pas beaucoup sur ses disques, l’Américaine joue très bien du piano.
Sur ce nouvel album, tout juste sorti, où le piano est d’ailleurs quasi-absent, elle fait revivre les fantômes des années 90. Toutes les conditions sont donc réunies pour vous faire passer de supers moments…en boîte de nuit.
Epaisse comme un câble de frein et aussi jolie que les dents de Beetlejuice sont blanches, Lady Gaga n’hésite pas en rajouter une couche sur Born This Way, d’ailleurs représentée en femme-Harley sur la pochette.
Comme évoqué plus haut, les nouveaux titres de l’album flirtent méchamment avec ce qui aura fait le beurre des boîtes de nuits et des producteurs dans les années 90, ce son synthétique et désormais tombé dans la ringardise la plus totale dont Government Hooker, l’un des singles de l’album, est la réminiscence, tout comme Bad Kids, Highway Unicorn… Les synthés et les arrangements y sont forcément malsains, mais les refrains imparables, force est de le constater : ça va cartonner chez les jeunes.
Lady Gaga joue les madones kitsch (entre Cher, Madonna et Natalie Cardone ?) sur Americano ou The Edge Of Glory. Scheisse (on croit qu’elle dit “Hitler”, mais en fait, c’est pas vrai…), servi là encore par d’horribles synthés, nous entraîne dans ces ambiances d’Eurodance parties de cette période où Scooter et Ace Of Base étaient des dieux.
Plus loin, pour tenter de se diversifier un peu, la chanteuse y joue les Christina Aguilera-Avril Lavigne-Pink en payant son slow pop-punk, You And I. Et comme Madonna en son temps, la Lady photoshoppée titille la bienséance avec des paroles ayant rapport avec la religion catholique (le gospelisant Marry The Night, Judas, Bloody Mary). On ne sait pas vraiment si c’est du lard plutôt que du cochon, mais ça risque d’en faire causer quelques-uns et c’est probablement ce que Mademoiselle Gaga recherche quelque part.
Un cran au-dessus en matière de kitsch et de mauvais goût (bon, quitte à bouffer du mauvais goût, autant se replonger la tête la première dans les 45T de Masterboy ou Haddaway…),Born This Way montre bien l’envie de son auteur de pousser son personnage fantasque au dixième degré du décalage ou du tout commercial, c’est selon. Mais on sait une chose, Born This Way est né pour le dancefloor mais avec vingt ans de retard, peut-être.