Jive Epic
2010
Arrêtons les clichés. Camelia Jordana est la preuve vivante qu’il ne faut pas nécessairement jeter le bébé avec l’eau du bain, dans ces télé-crochets modernes fleurissant depuis quelques années sur nos petits écrans. La Nouvelle Star a en effet accouché de quelques voix qui ont montré leurs véritables personnalités, loin des poupées en cire régurgitées sept années durant par la Star Ac’. Difficile d’inclure des artistes aux univers très personnels comme Julien Doré ou Amandine Bourgeois dans la ménagerie des stars de télé.
Et puis Camelia Jordana représente cette nouvelle génération nourrie à You Tube et Deezer, à un clic seulement de la production discographique mondiale dans son intégralité. Ca vous nourrit son homme (ou plutôt son adolescente). Camelia Jordana a pris le temps, après son passage à la Nouvelle Star, de digérer toutes ces influences pour mener à bien son premier album, loin des pages people, en choisissant ses auteurs et compositeurs. Bien lui en a pris puisque cette première galette respire le travail et la sérénité, entre pop rétro et attitudes plus modernes à l’image de ”Little Monster”. Pas de sonorités à la mode parsemées de r’n’b douteux, ni de rythmiques entendues mille fois mais des morceaux lumineux comme dans ”Moi c’est” qui tient à pas grand-chose, deux accords, un charley et des claquements de mains et pourtant… belle carte de visite. Des matières sonores originales parsèment ce premier essai discographique, belle pesanteur de ”Je pars” et riches harmonies sur ”Le Mois d’août à Paris”. Le mix fonctionne, entre chansons sixties désuettes (”J’étais une fille” à la limite du pastiche mais c’est ça qui est bon) et morceaux intimistes (”Diva”, de la part d’une jeune fille qui a tout compris à l’interprétation… sans jouer les divas justement). La voix qui porte en elle cette troublante fêlure nous envole jusqu’aux cimes des buildings new-yorkais, brise légère comme dans ces films en noir et blanc avec Audrey Hepburn (”Manhattan”), avant de rentrer tête la première dans une chanson pop bricolée et délicieusement creuse (”Mens-moi”). Camelia visite les époques et les endroits du globe, comme cette valse délicate ”Lettera” nourrie de la mélancolie automnale de Montmartre, et les grandes plaines d’Amérique avec ”Calamity Jane”. L’album d’une fille de 17 ans pile dans son époque et cependant nourrie de ses aînés. Photographie finalement assez fidèle de ce que pourraient être les artistes des années 2010. Toujours mieux qu’un cliché.
A suivre donc.