L’Inquiétante Étrangeté de Duchess Says…
Sciences Nouvelles, dernier album du groupe post-punk québécois, est enfin sorti et créé une rupture avec le quotidien musical de ces derniers mois. Pas de malaise pour cet opus d’une qualité remarquable produit chez Slovenly Recording et sorti le 14 Octobre 2016 qu’on valide sans surprise.
Impossible d’oublier leur passage à Besançon aux Passagers du Zinc en juin 2014, où nombreux d’entre nous était ressortis bleus de peinture en s’extirpant du sous-sol bondé du café-concert. Un concert incroyable considéré par certains comme l’un des plus marquants de ces deux dernières années passées en dessous du capot de la DS. On ne pouvait qu’attendre avec impatience leur nouvel opus.
Après deux albums d’une qualité assez égale mais aux ambiances bien distinctes, Duchess Says revient avec un troisième volet intitulé Sciences Nouvelles. On se rappelle les petits bijoux au potentiel tubesque que nous avait délivré Anthologie des Trois Perchoirs en 2008 avec Black Flag ou encore Tonen Non Neu, et de l’aboutissement créatif très élevé d’In a Fung Day T ! en 2011.
Après avoir fait tourner en boucle Sciences Nouvelles au cours de ces deux dernières semaines, que ça soit en l’écoutant attentivement, en faisant la vaisselle ou en fond sonore de soirée, ce dernier opus est de nouveau d’une qualité rare. Les dimensions post punk avec Inertia Pt I et Inertia Pt. II et synthpunk avec I Repeat Myself ou Poubelle en fer de lance, Duchess Says conserve sa volonté d’élaborer autour d’une nouvelle forme de création tout en gardant la purge des humeurs superflues.
L’aspect scientifique de l’album est subtil. Certes il n’est pas au centre des textes. Il suffit de creuser un peu pour y voir une référence à ses premières fondations. Fondations alternatives qui transforment un studio d’enregistrement en authentique laboratoire d’expérimentations de techniques de création musicale. Pour développer davantage, il a été d’abord question d’exprimer les paroles de l’album par formes décrivant des émotions puis de les traduire en mot. Une forme d’écriture automatique comme l’expliquait Annie-Claude Deschênes.
On peut voir aussi dans ces sciences nouvelles, une ambition éducative en ouvrant la porte à de nouveaux champs d’élaboration musicaux avec pour outils guitares, claviers, tambours et expérimentations électroniques. Une dimension éducative dont certains artistes devraient prendre note pour aller plus loin dans la création musicale. Education aussi pour certains auditeurs trop souvent satisfaits d’une soupe consensuelle et peu fouillée, afin qu’ils comprennent la différence entre un album passable et un album étourdissant.
Il sera de plus difficile pour certains spectateurs adeptes du surplace stoïque en concert de résister à l’envie de partir dans tous les sens. Car un album de Duchess Says s’accompagne aussi et surtout d’un SAV hallucinant avec des shows assez fous menés par cette bête de scène qu’est Annie Claude. D’où l’importance de faire rupture avec la rationalité avec Sciences Nouvelles – véritable sas de décompression- le temps d’un morceau, d’un album ou d’un concert.
En résumé, Sciences Nouvelles est une invitation à la réflexion, à l’écoute attentive et à la détente. On ne peut que vous conseiller de courir l’écouter et de réserver une place pour un de leurs rares concerts en France du 17 au 23 Novembre.
- Solène BARBIER
Artiste : Duchess Says
Album : Sciences Nouvelles
Label/Distribution : Slovenly Recording
Date de sortie : 14/10/2016
Genre : Post punk, synthpunk
Catégorie : Album Rock
